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18 Mars

Grosse queue
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Agriculteur | S10 La chair, Toute la chair

5 | Pouvoir TOUT dire

Le récit de Julien

Je me réveille dans un sursaut.

Et, aussitôt, je m’immobilise. Car je réalise que j’ai, blotti contre moi, le corps chaud de Cyrille qui se rencogne pour retrouver la douillette chaleur du mien et j’adopte instinctivement une attitude toute de précaution attendrie pour ce joli berger endormi.

Puis je jette un coup d’œil à mon réveil et ce que je vois me sort immédiatement de ma rêverie.

- « Cyrille,il est plus de deux heures du matin, tu devrais rentrer car maman Colette doit s’inquiéter de l’absence de son petit.

Il relève juste assez la tête pour la secouer.

- « Elle me croit chez mon amie Chloé et moi je suis heureux de lui échapper quelque peu, à elle et à tout son amour, pour me trouver moi-même. »

J’ai tiqué en claquant de la langue sur mon palais.

- « Attention avec ces petits mensonges, Cyrille. Si ta mère croise ton amie ou cherche à te joindre, ton subterfuge pourrait facilement se trouver éventé. »

- « Oh non ! Aucun risque, Chloé sait parfaitement où je suis, avec qui et pourquoi. »

Soudain, face à tant de légèreté désinvolte, une désagréable sueur froide serpente entre mes omoplates et je me redresse, tétanisé par le puissant sentiment d’être pris en faute. Pourtant lui reprend tranquillement.

- « J’avais rêvé de passer toute une nuit avec un homme, c’est elle qui m’a encouragé en me disant que j’avais trop de chance d’en avoir trouvé un comme toi pour … faire mes premiers pas. »

- «Mais alors ... tu lui as raconté ?»

J’avoue que je sens ma gorge se serrer désagréablement et mon malaise se confirmer, mais lui poursuit, presque espiègle.

- « Tout ! Que tu m’as ramassé en stop sur la route, qu’ensuite j’ai posé la main sur ta cuisse, puis quand tu m’as plaqué contre la botte de paille et que je me suis demandé ce que tu allais faire de moi, et, encore ... Tout ce qu’on a fait, où et comment, tes exigences ET aussi tes attentions ; ce que j’ai ressenti, physiquement mais aussi dans ma tête, cette libération ... »

Il s’est tourné vers moi dont le visage est faiblement éclairé par l’écran du réveil et je le vois sourire, l’air incrédule.

- « Non ! Ne me dis pas que tu es gêné, toi qui, tout à l’heure, exigeais d’entendre ce que je souhaitais que tu me fasses ... »

- « Je l’avoue. Je suis capable de tout TE dire, en situation, parce que faire l’amour peut être la plus belle chose du monde, qui dispense tellement de plaisir et de bien-être que je voudrais qu’il en soit de même pour toi.

Et je sais aussi faire face quand un croquant tente d’utiliser cela pour me déstabiliser …

Mais raconter les faits, juste les faits, à un auditeur extérieur, objectivement, hors du contexte, me semble tellement … irréel. Je ne dispose que de mots crus, obscènes qui heurtent la pudeur ou bien … le choix de trahir en édulcorant. Il n’existe pas de manuel de savoir-vivre en la matière car baiser contrevient à tous leurs principes, abat tous les substituts qu’ils offrent.

De plus dire : sucer un gland, partager la mouille, enfoncer un doigt ou encore ma bite dans un cul ... me paraît artificiel sans la ferveur du moment, sans ce basculement, cet instant où nous convenons tacitement de renoncer à tous les usages sociaux pour accepter notre nature crue sans aucun artifice, avec un cœur qui bat, un sang qui pulse, des odeurs, pas toutes enchanteresses, qui sourdent, des fluides intimes qui envahissent, des suffocations, ce moment du dévoilement de nous-mêmes où notre humanité se dépouille de tous ses faux-semblants et révèle ce que notre construction psychique nous invite à jouer : victime et bourreau ou bien partenaires. »

Il rit, l’œil soudain canaille.

- « Tu sais, dans les institutions catholiques qui s’attachent à nous protéger du démon et sous nos dehors conformes d’élèves dociles, on sait aujourd’hui trouver TOUTES les informations qui nous sont refusées par la bonne éducation. Avec Chloé, - il rit – nous nous posions les mêmes questions prosaïques de forme, de taille, de couleur, de pratiques … Ensemble, nous avons regardé les mêmes images sur les sites pornographiques, aussi bien gay qu’hétéros ... mais il reste plus facile pour une fille de trouver un partenaire. »

Il a poussé sa main sur le drap jusqu’à toucher mon genou qu’il enveloppe dans un toucher délicat, en tournant. Et ça m’électrise aussitôt. Il se rapproche et sa tête vient à mon flanc que ses cheveux chatouillent.

- « Mais il faut croire qu’elle n’est pas aussi bien tombée que moi car mes récits l’ont moitié scandalisée, moitié dégoûtée mais toujours scotchée : elle n’en revenait pas qu’on ait réellement fait tout ça et que ça m’ait fait cet effet. » Il a un petit rire. « Elle est jalouse ! »

Ses doigts ratissent l’intérieur de ma cuisse, jouent avec mes poils, effleurent ma peau puis, soudain, m’empoignent, en pétrissent le muscle … Et il me chauffe, terriblement.

- « Tout ça ? Que veux-tu dire ? »

Il a secoué la tête.

- « J’avais déjà tout vu et en gros plans mais je ne connaissais rien, Julien. Et toi, tu n’as pas eu cette désespérante bienveillance, cette gentillesse mièvre et douceâtre qui voudrait nous faire prendre la piscine à vagues du centre aquatique pour l’océan. Je t’ai demandé de m’enculer alors tu m’as empoigné et j’ai été servi, simplement servi. Vigoureusement. Pas de l’insipide ni du frelaté, non ! Du vrai, du violent, qui m’a laissé suffocant, sidéré, mais ébloui … Et surtout, prêt à recommencer.

Mais pas un instant je me suis senti en danger. Je SAVAIS que tu restais attentif, que j’aurais pu dire STOP à tout moment, que je pouvais te faire confiance. Je n’avais pas d’autre solution d’ailleurs ... »

- « … puisque tu ne connaissais rien ! »

- « Mais je voulais aussi savoir comment on dort avec un homme avec qui on vient de faire l’amour, comment les corps s’encastrent, se protègent, s’écoutent dans le sommeil commun. Pour ne plus être d’une ignorance crasse, pour savoir discerner celui qui sera mon mari, dont j’aspirerai vraiment à partager les nuits. »

Il rampe souplement vers moi, félin vite devenu familier, au corps délié et cajoleur et, à cet instant, je me demande si sa mère a perçu de ce changement en lui, cette soudaine maturité déterminée, cette assurance nouvelle.

Ses deux mains sont parties à la conquête de ma peau, à l’intérieur de mes cuisses, en écartant mes poils ; deux étoiles de mer aux doigts en podias munis de ventouses qui me grignotent, m’accaparent, m’envahissent, m’annexent ... m’amusent.

Je comprends que, désormais, je ne suis plus le seul à l’initiative mais qu’il peut, qu’il saura prendre les choses en mains à son tour. Et sans même devoir chercher mon approbation qu’il sait acquise à toutes ses audaces, en véritables partenaires, rivalisant d’imagination.

Sa main aux doigts joints soutient ma bite demi molle et il s’incline pour l’embrasser délicatement puis il aspire le gland lentement, en le décalottant voluptueusement avec ses lèvres, réveillant tout à fait mon érection, à qui il prodigue quelques échantillons de son savoir-faire qui, pour être récent, n’en est pas moins désormais redoutable. Il a dévoré mon membre sur toute sa longueur et sa langue, ses joues, son palais me dispensent des caresses qui m’arrachent des soupirs de capitulation.

Il a relâché ma hampe qui est venue frapper mon ventre et la lèche consciencieusement, cascade sur mes couilles bourrues qu’il tente de gober, remonte puis file en pointe le long de l’aine, descend et je relève instinctivement ma cuisse pour lui donner accès, plus bas, où il écrase ma broussaille qui crisse sous sa langue, effleurant rapidement mon anus ...

Je me sens glisser imperceptiblement.

Mais il semble que le blondin mijote une autre cuisine. Il a pivoté sur lui-même, me chevauche hardiment, encadrant mon torse de ses cuisses et offre son juvénile popotin à ma concupiscence. Je me rue bien volontiers sur l’aubaine.

J’adore bouffer ce joli cul ferme à la peau douce qui sent le savon, je m’en goinfre avec un appétit qui semble le ravir, comme s’il se délectait de se voir si évidemment désiré, plaisir qu’il me rend au centuple en dévorant ma hampe avec un entrain joyeux et mille raffinements.

Alors je chasse vigoureusement dans les tréfonds de ma mémoire mon précédent étonnement, cette subite envie qui m’a effleuré de m’offrir à lui, cette tentation d’un équilibre en guise de reconnaissance ; car si je lui ai « tout appris » il a, sans conteste, su tirer parti des modestes expériences que je lui ai offertes pour accéder à son plaisir et, transcendant ma fierté de l’avoir proprement dépucelé, s’est révélé en désormais « partenaire » inventif et gourmand.

Il a encore pirouetté, retombant lourdement à califourchon sur mon estomac avec un petit rire puis, ses doigts fouaillant dans mes poils, il s’est repoussé vers le bas pour encadrer de ses fesses ma queue trempée et tendue. Il a frotté son nez contre le mien, sa langue a balayé mes lèvres et il a poussé un murmure de gourmandise. Je l’ai laissé insister, revenir, s’avancer jusqu’à venir chercher le baiser profond et plein de sucs qu’il m’administre d’abord avec gloutonnerie avant d’être gagné par la langueur d’un échange plus calculé, plus complexe aussi.

A chaque fois qu’il avance sa langue dans ma bouche, son derrière repousse ma queue, l’incline ou la presse et, de mes deux pognes encadrant solidement le haut de ses cuisses, je le guide et l’invite à plus de précision. J’ai lancé le bras vers le chevet pour rapprocher le lubrifiant dont je nous enduis grassement, le doigtant au passage de toutes les manières quand lui s’essaie à butiner mon gland baveux sans parvenir à le coiffer assez justement pour parvenir à l’engloutir.

Jusqu’à ce qu’il prenne franchement le manche en main pour le poser sur sa cible et peser sur lui.

Soudain, nous nous immobilisons, saisi par une sorte de gravité.

J’ai plié les genoux, remonté mes cuisses, pris appui sur mes talons et enroulé mon rein. Pour résister.

Il s’est redressé dans une profonde inspiration, jouant de l’élasticité de ses cuisses, guidant mon pieu ou écartant sa raie du bout des doigts et il se laisse descendre, lentement, précautionneusement. Sa corolle s’ouvre et avale mon gland, sans trace de crispation.

Et ça le libère.

Il termine sa glissade, voluptueusement, dans un profond soupir de satisfaction.

Je me rétablis, assis, les mollets croisés sous ses fesses, soutenant d’un bras son rein arrondi, cherchant sa queue de l’autre main. Elle reprend sa vigueur, brûlante sucette imprimée entre nos ventres rapprochés et le moindre roulement de nos bassins la décalotte, la caresse, l’écrase et la roule.

Car nous avons pris la mer, les bouches soudées par un laçage étroit de nos langues. Nos bras en écharpe nous lient, nous pressent l’un contre l’autre. Nos reins s’enroulent et se déroulent mécaniquement, dans un sobre balancement d’une puissante efficacité. Cyrille a lâché mes lèvres et geint sourdement. Ses mains se détachent une à une de ma peau pour aussitôt revenir y trouver une nouvelle prise dans un claquement sonore, comme pour m’accaparer plus intimement, plus avidement.

Soudain je le saisis aux hanches pour fermement le planter aussi profondément que possible sur moi et, dans un « han » rauque, je jouis en lui, cassant mes épaules.

Il s’est accroché d’une main à mon cou et de l’autre se branle énergiquement. Rapidement, sa sève m’éclabousse et son anus se serre sauvagement autour de ma queue qui ramollit, la pressant pour en exprimer les dernières gouttes puis il s’effondre à son tour contre moi, jeune homme foudroyé de plaisir, sourcils froissés, yeux éperdus et soupir plaintif. Touchant d’ainsi choisir sans hésiter le refuge de mes bras en soutien pour se laisser aller au vague à l’âme post coïtum.

Je l’ai tendrement « baisé / Sur les noeunoeils, les nénés / Dans les cheveux, à plein bécots / Pondus comme des œufs tout chauds » et on a ri, de gentillesse l’un pour l’autre. Il s’est blotti très étroitement contre moi, les doigts enroulés dans mes toisons pour me retenir.

- « Reste comme ça, Julien, garde-moi dans tes bras ! Apprends-moi tout pour que, plus tard, je sache choisir. »

Et nous nous sommes endormis, lui pelotonné contre moi qui le protège et le regarde comme un trésor.

Amical72

* « Le tout est de tout dire et je manque de mots / Et je manque de temps et je manque d'audace / Je rêve et je dévide au hasard mes images / J'ai mal vécu et mal appris à parler clair ... » est un célèbre poème de Paul Éluard.

* « on n’est pas là pour causer mais on pense, on pense que d’main, y f’ra jour et qu’c’est une calamité » Georges Brassens chante les regrets de .

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