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HISTOIRE

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Corps-à-corps sous haute surveillance

Cela fait à peine deux jours que je suis entré en prison. Je ne suis pas encore habitué à l’ambiance et aux règles. Je crains les autres détenus en qui je ne peux pas avoir confiance. Ils peuvent trouver intérêt à m’impliquer contre mon gré dans des trafics en tous genres ou dans des règlements de compte. Je crains aussi les matons que j’aurai imaginé plus compréhensifs et plus sympathiques envers un prisonnier comme moi qui ne leur pose aucun problème, qui fait profil bas et qui est incarcéré pour la première fois. Mais j’ai compris que je suis mal tombé. La prison de mon secteur, où j’ai été affecté par défaut, est aussi un pénitencier de haute sécurité où l’on enferme des détenus à problèmes venant de toute la France et où les surveillants misent tout sur la sécurité et la discipline et rien sur le bien être ou la réinsertion. Ils appliquent des règles strictes à tout le monde et font peu de distinction entre les détenus en fonction de leur comportement et de leur personnalité.

Il est 22 heures. Je regarde tranquillement la télévision dans ma cellule. J’entends alors que ça s’agite dans le couloir. Il y a souvent du bruit et du passage mais là, ça a l’air plus important. Je n’ai pas à me poser plus longtemps la question de ce qu’il se passe. La porte de ma cellule s’ouvre brusquement et le gardien crie « Sors dans le couloir ! Dépêche-toi ! ». J’obéis.

Il y a là une vingtaine de gardiens. Ils nous font tous sortir de nos cellules. Je me demande ce qu’il va se passer. Le surveillant chef crie alors « Fouille générale ! Vous vous mettez tous à poil et vous restez devant vos cellules ! ». Plusieurs détenus marmonnent quelques protestations ce qui nous vaut tout de suite une remarque : « Et vous la fermez ! ».

Je sens mon estomac se nouer. Je me demande ce qui a pu conduire les gardiens à cette fouille générale. S’est-il passé quelque-chose ? Soupçonnent-ils un trafic ?

Surtout, je suis toujours aussi gêné par les fouilles. J’en ai subi quelques-unes déjà depuis mon arrestation. J’ai toujours trouvé cela humiliant. J’ai été plusieurs fois fouillé par un seul policier à la fois. Puis à mon entrée en prison, il y avait plusieurs gardiens. Mais là, c’est carrément devant tous mes codétenus (une quinzaine) et la floppé de matons. Sentir les regards sur moi, même si on est tous des mecs, ça me gêne. J’ai beau me dire que nous sommes entre hommes, que les autres s’en foutent d’être à poil et encore plus de me voir, moi, à poil, que c’est normal… J’ai beau me dire qu’après tout c’est comme dans un vestiaire de sport collectif. Mais en fait, non, pas tout à fait. Avec les autres détenus, oui, on pourrait dire que c’est pareil à un vestiaire. Mais avec les surveillants, il y a pour moi clairement une sorte de soumission. Eux sont habillés, évidement. Il y a même un fort contraste, je trouve entre leur tenue imposante avec leur uniforme noir, leur lourd équipement à la ceinture (matraque, paires de menottes, aérosol au poivre, taser etc), leur rangers, et la nudité des taulards. Ils exercent sur nous leur pouvoir d’avoir le droit de nous faire déshabiller n’importe quand et de nous faire soumettre à leur regard. En plus, eux, ils nous regardent vraiment pendant les fouilles. Toute notre anatomie y passe et pour moi, non, ce n’est pas comme dans un vestiaire de sport. Pourtant, chez plusieurs autres détenus, je ne perçois aucune gêne. Ils enlèvent leur fringues normalement, sans sembler gênés. Ils se sont sans doute habitués.

Je me dessape donc. Il me passe par la tête que peut-être on ne va pas être réellement fouillés à nu ici et je veux garder mon slip. C’est peut-être ce qu’a pensé aussi mon voisin (un nouvel arrivant aussi). Mais quand un gardien a vu qu’il arrêtait de se déshabiller alors qu’il avait encore son slip, il a eu droit à un « On a dit fouille à poil ! T’enlève ton slip tout de suite ». Je n’attends pas la même remarque et je me mets tout nu aussi. J’attends sans bouger. J’ai envie, presque par reflexe, de mettre mes mains devant mon sexe mais je me dit que cela serait parfaitement ridicule et je reste donc là, les bras le long du corps et les couilles pendantes au milieu d’une quarantaine d’autres hommes.

Des gardiens sont déjà entrés dans les deux premières cellules de la section et ont commencé à y chercher le moindre objet interdit. Cela fait beaucoup de bruit. D’où je suis, je peux voir qu’ils agissent vite. Ils inspectent partout, tous les objets, ils enlèvent les draps, retournent les matelas.

Pendant ce temps, nous attendons tous, debout, nus, nos vêtements déposés au sol. Sur les vingt gardiens, une dizaine ne bougent pas et ne font que nous surveiller. Les dix autres réalisent les fouilles. Il y avait les cellules bien sûr, et aussi les fouilles aux corps. Après que les deux premiers détenus de la section y aient eu droit, c’est mon tour.

Tout en changeant de gants en latex, deux gardiens s’approchent en même temps. Ca me surprend un peu. Je n’ai pas vu comment ça s’est passé pour les deux premiers détenus. Sans prévenir, le maton qui était derrière moi me passe la main dans les cheveux, sans ménagement. En même temps, l’autre me fait ouvrir la bouche. Ils regardent dans mes oreilles et mon nez. Toujours sans prévenir, celui qui est devant moi se penche légèrement. Il prend ma bite entre ses doigts, comme si c’était un simple objet. Par reflexe, je lâche un « Hey !... » mêlant surprise et colère. Sans que j’ai le temps d’ajouter quoi que ce soit, le surveillant se redresse, tout en gardant mon pénis en main, me regarde avec colère et me dit « on ne te demande pas ton avis, tu la ferme !». Il manie ensuite ma bite à gauche puis à droite et la soulève pour pouvoir l’observer de tous les côtés, tout en s’adressant à son collègue « s’il continue comme ça celui-là, il va aller faire un tour au mitard ». L’autre gardien lui répond « C’est clair. A son arrivée, il a dû avoir droit à une fouille moins rapide, c’est pour ça qu’il n’a pas encore appris nos méthodes ». Une fois mon pénis lâché, le gardien soulève mes testicules avec une main et regarde mon entrejambe avec un petit miroir qu’il tient de l’autre main. Je dois ensuite soulever mes pieds.

Je ne sais pas comment je pourrai un jour m’habituer à être traité ainsi, manipulé comme un objet, sans aucune intimité, devant des dizaines d’autres hommes, sans aucune considération pour ma pudeur, et avec une volonté évidente de soumission et d’avilissement. Avec ces surveillants de prison, on sent vraiment leur regard scruter toute notre anatomie et on sent bien qu’ils ne sont pas du tout gênés, eux, même pour prendre en main et prêter un œil attentif sur les parties intimes qui, du fait de leur forme, peuvent facilement dissimuler des petits objets. Ils ne sont pas du tout gênés et on sent que pour eux, c’est tout à fait normal de faire ça, c’est habituel et ça ne leur fait ni chaud ni froid, même si je pense quand même qu’ils profitent de ces fouilles pour nous faire sentir leur domination et pour ajouter un côté vexatoire.

Une fois mes vêtements inspectés, j’ai le droit de me rhabiller. Je n’ai le temps de ne remettre que mon slip et mes chaussettes que j’entends qu’un des gardiens qui fouille ma cellule appelle le surveillant-chef et lui dit « On a trouvé quelque-chose ».

Je ne comprends pas. Je n’ai à mon sens rien d’interdit. Je me souviens alors qu’un autre détenu est entré dans ma cellule au retour de la promenade pour discuter deux minutes avec moi. Sans doute a-t-il discrètement caché quelque chose, en sachant que ma cellule est moins surveillée que la sienne puisque les matons savent que, lui, il est de tous les trafics.

Je demande alors « Mais ce n’est pas possible ! Qu’est que vous avez pu trouver ?? ». Cela a pu être pris pour une sorte de petite rébellion. Le surveillant chef, visiblement en colère, demande alors aux deux gardiens qui sont à côté de moi : « vous me le mettez de côté, dans le coin là-bas ». Ils m’empoignent alors par les bras et m’emmène jusque dans un coin du couloir. L’un d’eux, avec sa jambe, balaye mes pieds vers l’arrière et ils me déposent, toujours maintenus par les épaules, face contre sol, en slip et en chaussettes, sur le carrelage froid, devant tout le monde. On me saisit les ensuite les poignets et on me les plaque sur les fesses. En deux temps et trois mouvements, je suis menotté.

Désemparé et stupéfait je lance alors, sans bouger : « Mais je ne comprends pas ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que vous avez trouvé ? ». Je n’ai aucune réponse.

Je suis donc laissé dans un coin du couloir pendant que la fouille générale continue, avec un maton spécialement dédié à ma surveillance.

Je comprends par la colère du gardien-chef, par l’empressement à m’isoler et à me neutraliser au sol et par l’ambiance générale, que ça ne rigole pas. Je ne sais pas ce qui va m’être réservé. Vais-je pouvoir m’expliquer ? Comment vais-je être sanctionné ? Mon estomac se noue encore un peu plus à l’idée d’être traité maintenant non plus comme un simple objet, mais comme un objet qu’il faut mettre au rebus. Je sais bien ce qu’on réserve aux détenus qui cachent des choses interdites : on va me jeter au mitard manu militari.

Allongé au sol, j’ai mes jambes qui gênent l’ouverture de la porte d’une cellule. Un des deux gardiens, met alors son pied au niveau de mon entrejambe et le fait remonter jusqu’au niveau de mes parties intimes. Je sens alors la pression contre mon périnée. Mes couilles sont aussi pressées et tout mon corps glisse de vingt centimètres pour que la porte puisse s’ouvrir. Je suis tétanisé d’humiliation. Le maton n’a pas daigné m’adresser la parole pour de me demander de bouger par moi-même. Il n’a pas fait l’effort de se baisser pour me tirer par les bras ou les épaules. Il a fait le premier geste qui lui est venu à l’esprit, le plus pratique pour lui. Qu’il me comprime les couilles ne lui pose aucun problème.

J’entends alors que des gardiens ont aussi trouvé des choses dans deux autres cellules. Les détenus commencent à protester énergiquement. Je reconnais leur voix, c’est Djalil et Jérôme. Le ton monte. J’entends le surveillant-chef s’emporter : « vous me les mettez avec l’autre là-bas. Ca va faire un tir groupé pour le mitard. Vous me les attachez bien serrés pour qu’ils ne puissent plus bouger et qu’on soit tranquille. ». Et il ajoute « Ah ! Avant de les menotter, vous me les remettez en slip comme ça ils seront déjà prêts pour le mitard ».

Je suis toujours parterre et je ne peux pas voir grand-chose de la scène. J’ai bien compris que ce n’était pas le moment de faire un geste en trop. Au moindre mouvement, je me serai fait neutraliser.

J’entends que les matons recourent à la force pour maitriser les deux détenus, pour les amener jusqu’à moi et pour les déshabiller.

Il faut dire que Jérôme et Djalil sont deux gaillards. Leur physique déjà les rends difficiles à maitriser. Ils font au moins 1,85 m chacun, ils se sont connus avant la prison dans un club de waterpolo. Je sais qu’ils vont très souvent dans la salle de musculation de la prison. Leur personnalité aussi ne les rends pas facilement domptables. Malgré la situation, ils n’hésitent pas à contester et cherchent à ne pas s’aplatir face aux matons.

Il a une certaine confusion mais ça ne dure pas longtemps et les gardiens, présents en nombre, reprennent rapidement le contrôle total de la situation. Soudain, je sens quatre mains se poser sur moi. Une au niveau des épaules, deux au niveau de la hanche et une sur un genou. On me bascule sur le côté et on m’entrave aussi les pieds, alors que j’étais déjà menotté. En même temps, les matons mettent Jérôme au sol en lui taclant l’arrière des genoux. Ils sont quatre sur lui. Alors qu’il proteste encore, on lui retire son pantalon d’un coup. Sur l’arrière, son slip est venu aussi un peu et il se retrouve alors les fesses partiellement à l’air. On lui attache aussitôt les pieds. Les matons le mettent sur le côté et le plaque contre moi. Ils me détachent les mains et m’étendent les bras au-dessus-de la tête. Je me laisse totalement faire. Ils m’attachent les mains avec celles de Jérôme. Pareil pour les pieds. Nous sommes alors face à face, sur le côté. Je sens alors un gardien nous plaquer ensemble contre le mur. Jérôme est coincé contre le mur et contre mon corps ; et moi je suis coincé contre lui et contre les jambes des matons qui me poussent et me serrent contre Jérôme pour nous empêcher de bouger. Jérôme cesse alors de vouloir se débattre et de protester. Djalil subit le même sort. On le redéshabille et il est lui aussi mis au sol sur le côté et plaqué face contre moi. En même temps, je sens qu’on m’enlève mes chaussettes. Les pieds de Djalil sont aussi attachés aux miens et à ceux de Jérôme. Des menottes entrecroisées aux nôtres lui sont aussi mises.

Je suis ainsi pris en sandwich, juste en slip, ligoté avec Djalil et Jérôme, juste en slip eux aussi et serrés corps contre corps. Avec Jérôme nos visages se touchent. Je devine l’expression de son visage, pleine de colère et d’incompréhension. Je sens sa respiration contre ma joue. Je sens la légère odeur de sa transpiration. Je sens nos parties génitales en contact étroit à travers nos slips. Je sens aussi ses pectoraux, bien gonflés, appuyés contre mon buste.

Djalil, dans mon dos, est en sueur. Je le suis bientôt aussi, réchauffé par cette promiscuité extrême. On nous a fait attendre comme ça pendant peut-être vingt minutes, le temps de finir toutes les fouilles. Les gouttes de nos sueurs mélangées coulent le long de nos corps.

J’entends alors Djalil me demander à l’oreille « Qu’est-ce qu’ils vont nous faire ? Qu’est-ce qu’ils… ». Et le maton crie immédiatement « Vous la fermez ! » Rapprochant encore un peu ses jambes du mur pour nous plaquer tous les trois encore un peu plus les uns contre les autres. Les pieds froids de Djalil contrastent avec son corps très chaud. Son thorax touche mon dos. Je ressens aussi son pénis et ses bourses contre mes fesses à travers nos slips. Quant à Jérôme, c’est tout son corps que j’ai pu longuement ressentir plaqué contre le mien, dans un face-à-face d’homme à homme, plein de virilité.

Le maton relâche la pression après quelques minutes, pendant que la fouille des autres cellules et des autres détenus continue. Nos corps se desserrent légèrement. Après avoir été presque totalement immobilisés, nous voulons tous les trois diminuer cet inconfort en remuant un peu pour nous dégourdir autant que possible. Je ressens alors bien les frottements de nos bustes et de nos bassins, à travers nos slips, les uns sur les autres.

Je me fais aussi la remarque que Djalil et Jérôme sont bien habitués à la nudité entre hommes et aux contacts corporels. En effet, ils ne cherchent pas spécialement à s’éloigner de moi. Nous sommes attachés par les mains et les pieds mais, sans trop se contorsionner, il serait facile pour eux de maintenir un espace de quelques centimètres entre nous. Au lieu de ça, ils restent dans la position occupée spontanément sans chercher spécialement à éviter ou à augmenter le contact entre nous. Ce corps à corps les laisse indifférents. Ils ont le comportement des sportifs habitués des vestiaires où on chahute volontiers entre potes sans se préoccuper d’être habillé, en slip ou à poil. Il y règne une ambiance très virile et très décontractée. On sait qu’on est entre hommes et qu’il n’y a rien d’ambigu à se voir ou à avoir des contacts amicaux en étant nus.

Le hasard de nos petits mouvements conduit justement les chaînes à s’emmêler légèrement au niveau de nos pieds. Jérôme et moi sentons que ça coince un peu dans une position difficile à tenir. Pour débloquer un peu ces entraves, Jérôme bouge les jambes dans tous les sens sur les quelques les centimètres de débattement que nos liens de métal lui laissent. Il force un peu et d’un coup, ça se décoince. Sa jambe se glisse entre les miennes et son bassin se presse carrément contre le mien. Ces petits mouvements agacent le gardien qui, immédiatement nous gueule dessus : « Vous restez tranquille ! Je vous conseille de ne pas aggraver votre cas ! » et rapproche un peu plus ses jambes pour nous maintenir bien coincés contre le mur. Nous nous n’osons plus bouger du tout. Jérôme a toujours sa jambe entre les miennes. Nous sommes si serrés qu’avec ma bite, je peux carrément ressentir la sienne ; elle est bien rangée vers le haut dans son slip. J’essaye quand même de reculer mon bassin de quelques millimètres pour rendre la situation moins gênante, même si je pense comprendre que Jérôme en est plus à se demander comment il va pouvoir manifester sa colère contre les matons qu’à se sentir gêné d’être en contact avec un autre mec. Je commence alors à relâcher la pression contre nos deux paquets, dans un léger mouvement que je veux très discret pour ne pas énerver le gardien. Mais c’est alors la bite de Djalil, bien rangée vers le haut elle aussi dans son slip, que je ressens entre mes fesses.

Une dizaine de minutes plus tard, une fois la fouille générale terminée, on nous attrape tous les trois je ne sais pas trop comment pour nous emmener au quartier disciplinaire. Les gardiens nous hissent par les aisselles. Ce n’est pas facile de nous soulever ainsi alors que nous sommes attachés par trois. Ils essayent de nous porter aussi par les pieds. J’ai bien compris qu’ils ne veulent pas nous détacher pour ne pas risquer de rébellion et être tranquilles. Je sens qu’ils veulent nous porter aussi par le bassin et un gardien glisse sa main contre le haut de ma cuisse pour tenter, à plusieurs reprises de m’agripper par là et soulager un peu le poids pour ceux qui nous ont attrapé par le haut du corps. Je comprends que pour ce gardien, mettre brutalement sa main dans l’entrejambe d’un détenu, frôler, voir écraser le devant de mon slip, dans la confusion de la manœuvre, ne lui pose aucun problème. Pour lui, mon corps n’est qu’un objet mouvant difficile à attraper, et qui devait être emporté à l’autre bout de la prison. C’est tout. Je suis un objet comme les autres centaines de corps de détenus, un objet sans pudeur ni respect à recevoir.

Mais les gardiens ne réussissent pas à nous porter ainsi et se résignent à nous trainer par les épaules, pieds au sol, sur le reste du trajet.

Encadrés et portés par une dizaine de gardiens, nous arrivons devant la porte du quartier disciplinaire. Le surveillant chef parle à l’interphone « On t’amène un beau colis de trois mecs qui se sont fait prendre à la fouille générale de la section quatre ». Un fort bruit de buzzer retenti. Un gardien ouvre la porte dans un bruit métallique et nous sommes conduits à l’intérieur d’une salle.

Les deux chefs surveillants, celui de notre section et celui du quartier disciplinaire se parlent alors :

- Le chef du QD : Eh bien, trois d’un coup ?! Qu’est-ce qu’ils ont fait ?

- Le chef de section : On a trouvé des trucs louches dans leur cellule. Comme quoi, j’avais raison de faire cette fouille générale.

-Bon. C’est pratique la manière dont tu les as attachés. Je n’ai pas vu ça souvent mais comme ça, ils ne peuvent pas se débattre.

-Oui. Et en plus, j’ai pu facilement les mettre en slip, comme ça vous n’aurez pas à gérer leur fringues, elles sont restées dans leur cellules. Par contre, il faudra les refouiller. On les a fouillés au corps juste avant mais pendant qu’on les a plaqués au sol et attachés, ils ont peut-être pu prendre des trucs qui trainaient et se les mettre dans le slip ou dans la bouche

-Oui, t’inquiète. De toute façon on refouille systématiquement tous les arrivants au mitard. Ca permet de les calmer et puis les instruments pour la fouille rectale refonctionnent, donc on va bien s’occuper d’eux. On pourra être tranquille, on sera certains qu’ils sont cleans quand on les mettra en cellule.

- Très bien. Bon, on te les laisse. Par contre, je pense que ce sera plus rapide d’utiliser la manière forte tout de suite avec eux. Ils ont voulu protester tout à l’heure. Ils ne sont pas coopératifs. On se revoit tout à l’heure pour la fiche de sanction.

-OK. Ça marche.

A l’évocation de la fouille rectale, mon estomac et ma gorge se nouent encore un peu plus. C’est vrai qu’à mon arrivé dans la prison, j’avais vaguement entendu parler d’une fouille rectale mais je m’étais dit que j’avais du mal entendre ou bien que c’était une sorte de « blague » pour intimider les nouveaux. Mais je comprends maintenant que si je n’y ai pas eu droit, c’était parce que du matériel était en panne.

Djalil recommence à se débattre et à vouloir protester. Une équipe de gardiens du QD s’approche alors et le détache pour le séparer d’Alex et moi. Aussitôt on le menotte à nouveau. On me fait la même chose.

Deux gardiens me lèvent par les aisselles. Je suis debout. Il n’y a aucun mot. Les gardiens me fouillent minutieusement en suivant une procédure qui semble pour eux tellement habituelle qu’elle ne nécessite plus aucun mot. On me détache les pieds. On m’enlève mon slip. Comme tout à l’heure, les matons inspectent mes cheveux, mes oreilles, mon nez, ma bouche. Mes parties génitales sont à nouveau observées et palpées. Je suis retourné et on m’inspecte l’arrière du corps. Je peux voir qu’on fait la même chose en même temps à Djalil. Jérôme, lui est maintenu attaché au sol en attendant.

Alors que je suis toujours intégralement nu, mains liées dans le dos, on me plaque alors face contre une table spéciale. Je comprends ce qui va m’arriver. Mes pieds sont rattachés à des anneaux. Mes jambes sont maintenues écartées et je sens une main appuyer sur mon dos pour m’empêcher de me redresser. Je ne vois pas ce qu’il se passe. Je sens qu’une sorte de liquide froid est appliqué sur la raie de mes fesses puis, rien pendant deux minutes. Je comprends qu’il y a un problème avec la caméra endoscopique. Puis, sans prévenir, je sens alors des doigts gantés écarter mes fesses et on introduit la caméra dans mon anus, d’un seul geste non hésitant.

Après quelques mouvements de rotation ou de va-et-vient, on ressort l’appareil. On détache mes pieds. On me renfile mon slip qui aussitôt se mouille des restes de liquide lubrifiant que j’avais sur les fesses. Je suis alors allongé au sol, pendant que mes deux codétenus subissent le même traitement. J’assiste à leur fouille intégrale comme ils ont assisté à la mienne.

Je suis alors conduit, en marchant cette fois, mais toujours menotté bien entendu, à l’extérieur de la salle, dans le grand couloir sombre qui mène jusqu’aux cellules. Les gardiens sont toujours aussi pressés et sur les nerfs. J’en ai un à chaque bras pour me maintenir « des fois que je veuille m’enfuir » me dis-je… On ouvre une des geôles. On m’y conduit.

« Vous le plaquez au sol pour lui enlever les menottes » dis le chef du quartier disciplinaire au deux matons qui m’encadrent. « Et dès que les menottes sont enlevées vous sortez tout de suite ».

Si je n’en étais pas encore certain, j’ai maintenant la confirmation qu’on me traite vraiment comme un dangereux détenu, capable de violence ou des pires coups à n’importe quel moment.

« Allez, face au sol » me dis un des gardiens. J’ai à peine mis les deux genoux à terre que les gardiens, qui me maintiennent toujours par les bras, me penchent vers l’avant. Je suis plaqué au sol. Un des matons appuie fermement sa main sur le haut de mon dos pour m’éviter de me relever. Pendant ce temps, l’autre m’enlève les menottes ; et comme mes poignets sont au niveau de mes fesses, je ressens ses mains qui touchent mon postérieur pendant qu’il enlève les entraves, mais en évitant l’auréole de lubrifiant. Je me sens encore plus humilié et méprisé d’être tâché à cet endroit et que les gardiens le voient parfaitement et n’en aient absolument rien à faire.

Les matons quittent alors très vite la cellule. Le bruit lourd et métallique de la porte qui claque et de sa serrure que l’on verrouille résonne dans ma tête.

Hébété par ce que j’ai subi et pour m’assurer que les gardiens en ont bien fini avec moi. Je me relève alors doucement en m’étirant et en décontractant mes poignets et mes chevilles qui ne sont maintenant plus liés. La cellule est entièrement vide. Il y a juste des toilettes à la turc et un rouleau de papier dans un coin et deux caméras au plafond, protégées par des plexiglass. La seule fenêtre est très petite et placée trop haute pour que je puisse regarder à travers. Je ne distingue qu’un petit morceau de ciel gris. Ils m’ont déposé là, dans cette cellule complètement vide, juste en slip. Pour quelle raison ? Pour combien de temps ?

J’entends glisser le clapet de l’œilleton. Un maton est en train de me regarder derrière la porte.

XXX-Vincent

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