Cyrillo

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Mon cousin Christophe

Les vacances, dans ma famille, ont toujours �t� un long calvaire d'ennui. Je ne me rappelle pas avoir eu la chance d'en prendre ailleurs qu'� notre �ternelle et triste maison perdue au creux d'une vall�e si morne, si humide, si d�pourvue d'agr�ment qu'un anachor�te de profession ouverte y e�t m�dit� des motifs de renouer avec la vie mondaine.

Ce n'est pas que la b�tisse en elle-m�me soit inconfortable, � beaucoup pr�s ; mais il s'en d�gage je ne sais quelle odeur d'abandon, de solitude accabl�e, de longs jours sans fin, de nuits interminables, de matins monotones et de soirs inutiles, au point que la simple �vocation d'un s�jour entre ces murs m'a toujours rempli d'effroi.

J'avais dix-sept ans lorsque je suivis pour la derni�re fois mes parents � leur ermitage. Je dis pour la derni�re fois, car cette ann�e-l�, apr�s tant de saisons d'ob�dience � la tutelle familiale, j'�tais entr� en r�bellion ouverte contre cet affreuse contr�e acari�tre. Il en avait r�sult� un chagrin profond de mon p�re et une aigreur douce�tre de ma m�re. Le chagrin constatait l'accession de l'adolescent � la toge virile ; ma m�re devait son aigreur � cette manie qu'elle a toujours eue de se tirer � la Parthe (1) des situations d�favorables.

Pour m'amadouer, mon p�re ne trouva rien de mieux que de me proposer un compagnon. Un compagnon ! Eh quoi ! Associer un autre gar�on � l'incurable d�soeuvrement de trente jours de b�illements et de spleen ? Mystifier, tromper, berner un pauvre gar�on en lui peignant un chef-d'oeuvre sur une muraille d�cr�pite ? Comment occuperions-nous notre loisir ? Par des jeux ? Sans doute. Mais apr�s ? Il arriverait fatalement que nous aurions �puis� nos ressources d'imagination et que nous nous livrerions � la langueur mortelle de n'avoir plus rien � faire.

Ce compagnon devait �tre mon cousin Christophe. J'aime beaucoup Christophe, et parce que, pr�cis�ment je l'aime, je n'eus cesse de le d�tromper sur les pr�tendus m�rites d'un s�jour qui n'avait d'attrayant que la publicit� qu'en proclamaient mes g�niteurs :
- Mes parents, lui dis-je un soir, ont besoin de vanter leur baraque pourrie, histoire de justifier les folies qu'ils ont consenties pour l'acheter ; par tous les diantres, ne viens pas ramer dans cette gal�re, tu t'y ferais chier tout comme moi.
- Et alors ? r�pondit l'adorable cousin : mon vieux, tu apprendras ceci, que je suis solidaire du malheur de mon prochain, surtout quand il est sympa. Or, il n'est pas de gar�on de mon �ge plus sympa que le prochain qui se trouve pr�cis�ment en face de moi. Par cons�quent, je viens.
Allez r�pliquer � une telle autorit� joyeuse ! Car le bon Christophe avait articul� ces paroles avec l'inimitable d�li� de son caract�re imperm�able � tout pessimisme.
Je fis donc bonne figure � mauvais jeu et le surlendemain, je m'embarquai � bord de la grosse japonaise de mon g�niteur, ayant pour voisin de banquette arri�re le pimpant, fringant et jovial Christophe.

Christophe venait d'attraper ses dix-sept ans. C'�tait un fort bel adolescent au visage pu�ril qui avait bien grandi et qui s'en souciait fort peu : taille moyenne, peau mate, cheveux de jais, oeil profond et noir, sourcils �pais, cuisses puissantes d'avant-centre de football. Seul le torse �chappait � cette colonisation de maturit� par une certaine finesse gracile o� persistait une heureuse absence de pilosit�. Pour le reste, l'ado des campagnes dans sa pl�nitude.

T�t habitu� aux dures conditions de la vie d'agriculteurs que menaient ses parents, il ignorait le sens du mot paresse, comme celui d'oisivet�. Ce n'est pas sous une autre banni�re que je l'avais dissuad� de suivre le convoi soporifique dans lequel, trop tard pour lui d�sormais, il venait de prendre place.

Nonobstant mes pr�ventions d�favorables contre la th�ba�de de l'anorexie annonc�e, j'avais obtenu sans peine que nous partagerions la m�me chambre. Jugeriez-vous que ce d�t �tre la moindre des compensations contre le calvaire qu'on nous infligeait ? Et bien, vous auriez tort : car il me fallut batailler de haute lutte contre ma ch�re m�re, persuad�e qu'elle �tait que les promiscuit�s m�les, au-del� d'un certain �ge, sont et contraires aux bonnes moeurs et nuisibles � la sant�. L�, je me f�chai tout rouge, je crus m�me que j'allais exploser :

- �coute, maman ! lui dis-je sur un ton peu conciliant, passe encore que toi et papa vous me tra�niez de force � ce pot � moineau digne d'un exil politique, mais si vous pr�tendez me rel�guer � distance la moiti� du temps de l'unique centre d'int�r�t que peut rev�tir une vill�giature aussi nuisible � l'�quilibre psychique qu'� la sant� physique, je vous promets de pisser au lit toutes les nuits, et m�me davantage !
Maman n'insista pas ; elle dut l'avaler, en d�pit du chagrin d'entendre son cher fils, si respectueux, si d�f�rent, lui parler avec tant d'impertinence. Comme elle a tout juste l'esprit qui convient � sa qualit� de bigote incombustible, elle se drapa dans une superbe de vestale contrari�e et n'ouvrit plus la bouche de tout le voyage, sauf pour dire des sottises, ce qui est ind�fectible de son temp�rament ; car il faut savoir qu'� la bigoterie, elle superpose le cr�tinisme le plus obtus.
Enfin, au bout de dix heures d'un voyage insupportable, nous arriv�mes.

Petit d�tail qui m�rite d'�tre signal�, Christophe s'�tant endormi apr�s cinquante kilom�tres, et moi apr�s soixante, mes parents nous avaient r�veill�s pour d�jeuner. Nous portions des jeans, texture assez rigide, ce qui ne d�partit pas des yeux exerc�s de remarquer � quel point la fatigue ajout�e � l'inconfort d'une banquette toujours trop exigu� s'ing�nie � dessiner de prodiges sur les devantures, heureusement � couvert d'ostentation trop �loquente. J'avoue que de contempler l'ardeur de Christophe m'emplit de beaucoup de ce plaisir qui cultive volontiers la d�lectation morose et se r�jouit d'avance des ambiances feutr�es d'une alc�ve vou�e � l'intimit� de deux gar�ons bien forc�s de composer pendant un mois franc avec les minuties d'une certaine familiarit�.
Ce que je n'avais pas pr�vu, c'�tait le coup d'oeil de Christophe sur mes propres atours, aussi victorieusement arbor�s que les siens. Ce ne fut pourtant qu'une lorgnade, mais il suffit pour distiller dans ma chair quelque chose de tr�s agr�able et dans mon esprit quelque chose de tr�s troublant. L'id�e que cet arch�type de l'h�t�ro pur et dur f�t lutin� par l'exception qui, � force de confirmer la r�gle, la supplante parfois, ancra en moi la r�solution de le pousser dans ses derniers retranchements.

Et puis, je me fis la r�flexion que, �pars ou non sur l'h�g�monie de la pente naturelle au sexe oppos�, le Christophe �tait dans la saison o� l'on ne tient gu�re plus de quarante-huit heures sans d�f�rer � l'�monctoire solitaire et que complicit� aidant, il pourrait bien se l�cher un peu, histoire de charmer les distractions.
Cela dit, je revins vite de mes illusions : Christophe fr�quentait une fille et quand on fr�quente une fille, ma foi, c'est qu'on aime les filles. De l� � y joindre l'attrait des gar�ons, il n'y a pas � proprement parler de loi prohibitive, mais les cas sont tout de m�me plus rares que ne l'affirme le marquis de Sade.
A peine d�barqu�s � La Ch�taigneraie (c'est le nom de la propri�t�, aussi pompeux que les murs dont elle est b�tie), nous essuy�mes notre premier tire-laisse : la chambre qui nous �tait d�volue, esp�ce de hall tout juste bon � entreposer des machines industrielles, �tait distribu�e de telle mani�re qu'il nous �tait g�om�triquement impossible de communiquer autrement qu'� tr�s haute voix et encore, avec un haut-parleur. Je foudroyai ma m�re du regard, mais ne pipai mot. Comme Christophe ne savait trop quel parti adopter, je le pris � part :
- On va l�-haut, lui dis-je sur le ton irrit� de la r�bellion ouverte, dans une des mansarde ! C'est petit, feutr�, sympa, les lits se touchent presque, on pourra d�conner tant qu'on voudra. Car pour la grande piaule, c'est comme si tu dormais � un bout du jardin et moi � l'autre.

Christophe, qui avait eu pour la chambre des pas perdus les yeux de Candide d�couvrant Cun�gonde vieillie et �raill�e sur les bords de la Propontide (2), m'approuva tout du long de l'aune. Ce fut ainsi qu'� la grande terreur mortifi�e de ma m�re, nous pr�mes nos quartiers dans une des mansardes de l'attique de cette immense baraque, symbole de l'inanit� et de la m�galomanie bourgeoises : car comment ne pas hausser les �paules � une propri�t� de quarante hectares au beau milieu de laquelle tr�ne une esp�ce de ch�telet de vingt pi�ces toutes meubl�es, o� personne ne va jamais ? Vanit� des vanit�s ! Mes parents, gens riches et au-del�, avaient voulu vivre sur un pied qui leur faisait honneur, et n'�taient parvenus qu'� s'emp�trer d'un ridicule dont tout le monde riait � la d�rob�e, jusqu'� ceux de leurs amis, appelons-les comme cela, qui feignaient de les estimer le plus.

Enfin, pour avoir par deux fois cons�cutives et dans un temps tr�s court serr� le bouton � l'autorit� maternelle, Christophe et moi e�mes toute latitude de disposer de nos appartement en petits seigneurs de fief. Quant � Madame, elle ne s'aventura pas sur le terrain glissant des commentaires acides, sa sp�cialit� � elle, subodorant qu'ils entra�neraient immanquablement une r�partie dans le besoin.
Le soir vint, et comme l'�tage �tait pourvu d'une douche, comme nous �tions couverts de sueur, c'est le plus naturellement du monde que nous f�mes nos ablutions.
L�, un incident, du reste pr�visible, se produisit.
Ma m�re, sans avoir l'air d'y toucher, pr�tendant arranger notre garde-robe, s'�tait malencontreusement dispos�e � faire exacte sentinelle de nos faits et gestes, ce qui consistait � se pr�senter pr�cis�ment lorsque l'un de nous vaquait � ses devoirs d'hygi�ne. Exasp�r�, je lui remontrai s�chement l'incongruit� de son attitude :
- Et si Christophe sort � poil ? fis-je, en col�re ; tu te rends compte comment tu te comportes ?
- Et bien ! r�pondit-elle, Christophe a le m�me �ge que toi, et...
- ...et quoi ? fis-je, ulc�r� : �a fait trois ans que tu te soustrais � ma propre nudit� sous un voile de pudibonderie, en prenant pr�texte que la pubert� ne permet plus � une m�re de voir nu son fils ! Qu'est-ce que tu me chantes ?
- Que tu es insolent ! fit-elle, au bord des larmes, et que si tu continues � me parler ainsi, je...je...
- ...tu iras faire une pri�re pour mon retour dans le bon giron du respect filial ? Allez, �a suffit, j'en ai assez entendu !
- Mais enfin ! s'emporta-t-elle, qu'est-ce que je t'ai fait, pour que tu me traites ainsi ?
- Ce que tu m'as fait ? Ceci : tu m'as castr�.
- Quoi ?
- Castr� ! Eunuque que je suis, ma ch�re maman : � force de battre l'estrade de ma vertu, comme tu dis, j'ai fini par prendre toute vertu en horreur. Quant � Christophe, il est mon cousin, on dort dans la m�me chambre, on est des gar�ons, on ne va certainement pas jouer les petits communiants rougissants, car vois-tu, il a une queue poilue, tout comme moi et tout comme moi, tous les matins, il bande pire que Priape !
De dire l'effet de ce discours, un peu emport� je l'avoue, ce serait � mourir de rire : ma m�re, au comble de l'effroi, l�cha la pile de linge qu'elle portait dans ses bras, mit ses deux mains sur sa bouche, trembla, fit volte face et s'en alla en minaudant je ne sais quelles pleurnicheries � d�pr�cier une midinette d�rang�e dans l'adoration de sa star du moment. Moi, satisfait, je me sentis mieux.

D�sormais, nous �tions, Christophe et moi, affranchis de ce faux z�le qui ajuste ses pr�rogatives � l'autorit� tyrannique d'un protectorat impos�.
Cependant, en d�pit du bruit de l'eau, l'�clat �tait parvenu � mon cousin. Il vint dans la chambre et m'aper�ut, assis sur le lit, pleurant de rire :
- Qu'est-ce que tu as ? fit-il.
- J'inaugure mon accession � ma qualit� de fils ingrat, lui r�pondis-je, avant de lui narrer la sc�ne en long et en large.
A mesure que je lui contai la chose, sa face s'aur�ola d'un sourire radieux. Le sourire se dilata en all�gresse, puis en joie d�brid�e, avant de culminer par cet �piphon�me :
- Tu sais pas ? Je la trouvais chiante, ta m�re, mais j'osais pas te le dire, question de respect.
- Qui ne la trouve pas chiante ? fis-je en essuyant mes yeux qui avaient tant ri qu'ils en �taient irrit�s ; au moins, maintenant, on a la paix.
L'ambiance du d�ner valut son pesant d'int�r�t. Mon p�re, instruit du scandale, avait pris le parti de n'en faire aucun cas, estimant sans doute que cela n'en valait pas la peine. Il ne put toutefois se d�rober au petit prurit qui le grattait de l�cher une m�taphore sur les prescriptions de l'ob�issance filiale, qualit� sans laquelle une famille entre infailliblement dans sa phase de d�cadence. Je m'empressai de lui r�pondre :
- Tu sais, papa, l'ob�issance est une chose. Mais l'ob�issance pouss�e au noir, �a s'appelle ob�dience. Si vous voulez faire votre proie de la maxime de Tib�re, qu'ils me ha�ssent pourvu qu'ils me craignent, libre � vous. Mais pose-toi un peu la question subsidiaire : un tel fils, une fois sa majorit� atteinte et d�pass�e, quels sentiments lui resteront-ils de la fa�on dont il aura �t� tenu � la bride des ann�es durant ?
- Sans doute, sans doute, dit mon p�re, mais depuis quelques jours, tu nous choques, voil� tout.
- Je vous choque parce que vous n'avez pas su donner du mou � votre �ducation puritaine et coinc�e de pasteurs anglicans. Je vous choque parce qu'� vos yeux, j'ai toujours dix ou douze ans et que j'en suis encore � �peler Oui-Oui en grosses pages cartonn�es. Je vous choque enfin, parce que tout � l'heure maman s'est entendu dire des paroles dures, je le confesse, mais qui n'en reproduisent pas moins une r�alit�, que je ne suis plus un enfant, mais un jeune homme, que ce jeune homme pense par lui-m�me, qu'il n'est pas tout � fait imb�cile, qu'il se fait des id�es de ce qu'il voit, de ce qu'il sent, de ce qu'il entend, et m�me de ce qu'il pressent.
- D'accord, d'accord ! fit mon p�re en souriant. On a eu tort. Mais jure-nous de ne plus t'emporter comme tu l'as fait.
- Laissez-moi une once de libert� � moi, et c'est comme si le contrat �tait sign�.
- Bon ! On n'en parle plus...

Une heure plus tard, j'�tais couch�, Christophe �tait couch�, nos lits, s�par�s uniquement par une ruelle fort peu large, nous permirent de nous lancer dans une conversation rapproch�e qui, toute br�ve qu'elle fut, ne m'en permit pas moins de me r�galer d'une promiscuit� � laquelle la nouveaut� pr�tait des attraits inconnus.
A l'�gard de Christophe, il n'en revenait pas de la rh�torique dont je m'�tais arm� pour prendre la d�fense du droit adolescent en rupture de tutelle. Je le sentais �bahi d'admiration. Moi, de mon c�t�, je n'avais pas perdu l'occasion de r�galer mon go�t des beaux gar�ons en le scrutant sous toutes les coutures, et quoiqu'il e�t conserv� son cale�on, mon attente n'�tait pas d��ue.

Enfin, pour �lever des chim�res id�ales sur la prestance d'un compagnon �minemment sympathique, je n'en demeurai pas moins les yeux grand ouverts, et l'�pisode de l'�rection dans la voiture ne me revint � la m�moire qu'� correction de lui d�livrer le motif de la surprise qu'inspire toujours plus ou moins le spectacle d'une identit� de temp�rament.

Le lendemain matin, j'ouvris les yeux le premier.
Pendant la nuit, j'avais � mon ordinaire �t� mon slip, dormant in naturalibus depuis ma premi�re �jaculation provoqu�e, et cela en d�pit des objurgations de ma m�re, dans la cervelle de qui toute trace de sexualit� chez un adolescent rel�ve d'une d�pravation susceptible de l'enfer aux si�cles des si�cles, amen.
Comme Christophe dormait encore, je me levai sans ornements superflus, et j'attrapai ma robe de chambre.
Vous imaginez bien que j'�tais en �tat de p�moison juv�nile. Je puis m�me vous assurer que n'e�t �t� la pr�sence de Christophe, j'aurai volontiers offert � la premi�re journ�e de mes vacances l'hommage d'un culte � Priape avec tous les assaisonnement, et m�me ce qu'on appelle en musique une reprise. Mais pas question de se donner carri�re devant son cousin, f�t-il mignon, et peut-�tre justement � cause de cela. Car vous saurez qu'un fils de bonne famille est instruit dans la d�f�rence que l'on doit aux modesties d'apparats et aux r�serves qu'implique l'usage du savoir-vivre.
Tout � coup, alors que j'attrapai mon peignoir, j'entends un soupir ; j'avise, avec un m�lange d'horreur et de volupt�, la t�te de Christophe qui se tourne vers moi. Je me h�te, mais soit complaisance irr�fl�chie, soit gaucherie, je ne parviens pas � d�rober la totalit� du prodige qui pointait t�te en l'air.

Christophe, sans doute aussi embarrass� que moi, fit semblant de rien et se retourna le temps que j'achevasse mon habillage, puis, d'une voix indiff�rente :
- Tu te l�ves d�j� ? dit-il.
- Il est neuf heures, gros fain�ant, r�pondis-je, le caf� est froid.
- J'arrive, r�pondit mon cousin.

Je descendis � la cuisine. Mes parents y �taient. Je les embrassai, non sans ironie, puis je me servis un grand bol de caf�.
Table morne, pas une parole ; ma m�re, qui avait pass� une mauvaise nuit probablement, se tenait le front comme quelqu'un qui a la migraine. Mon p�re, gu�re mieux loti, semblait sortir d'une entrevue d'embauche qui a mal tourn�. Moi, plus guilleret qu'un passereau en mai, j'arborai un radieux sourire. Cette bonne humeur r�pandit sa contagion, car elle finit par d�rider madame :
- Et Christophe ? dit-elle.
- Oh ! r�pondis-je, laissons-le dormir, le pauvre ; on est en vacances, pas vrai ?
- Il a raison, fit mon p�re ; pour une fois qu'il ne passera pas tout l'�t� � r�parer des barri�res, � rassembler de la paille pour le b�tail et � nettoyer les �tables...
L�-dessus, arrive, cinq minutes plus tard, celui dont on parlait.
Premi�re surprise : il avait la mine aussi d�biff�e que mes parents. Apr�s les saluts ordinaires, tout bigarr�s de ces protestations de z�le qui sont la marque courante des gens de l'esp�ce socialement honorable, mes parents nous laiss�rent seuls. Je m'inqui�tai des traits tir�s de mon h�te :
- Oh, c'est rien ! fit-il ; j'ai eu des r�ves, j'ai mal roupill�.
Comme il �tait lui aussi en robe de chambre, vous pensez bien que je cherchai tout de suite � conna�tre de quel genre de pr�vention il s'�tait rempar� en faveur de la pudeur. Je parvins au bout d'un moment � me rendre compte qu'il avait enfil� son cale�on. Le propos roula bient�t sur je ne sais plus quel sujet banal, jusqu'au moment o� mes parents lui propos�rent de l'accompagner pour quelques courses. Christophe ayant besoin de deux ou trois babioles indispensables � sa survie, il s'en alla avec eux.
Je restai seul.

�tre seul, quand on a eu devant soi le spectacle d'un joli gar�on qu'on br�le d'�treindre et de d�vorer, c'est l'occasion de se prendre quelque distance avec les bonnes mani�res. Aussi, d�s que la voiture eut disparu, je ne fis ni une ni deux, je montai � la chambre, j'�cartai le drap de Christophe et, apr�s avoir d�pouill� ma robe de chambre, je respirai l'odeur que j'esp�rai encore toute br�lante du splendide corps qui y avait repos� toute la nuit.
En ce moment, mes sens chavir�rent.

A hauteur du pubis, bien en vue, un large filet humide dessinait sur le tissu le croquis d'une grande larme. Ebahi, n'en croyant pas mes yeux, je m'approchai. Mon coeur battait si fort, je sentais mon corps m'�chapper avec tant de puissance que je ne pus rien opposer � l'impulsion qui m'ordonna, c'est le mot juste, de toucher du doigt le d�p�t sacr� d'un plaisir que je reliai aussit�t � la figure un peu h�ve de son auteur. Ainsi, pendant que je faisais des gorges chaudes de la petite sant� de mes parents, mon cousin en faisait d'autres, mais infiniment plus voluptueuses !
Ainsi, tandis que je m'asservissais � une abstinence digne de Scipion, il donnait libre cours � l'effraction des convoitises de la chair. Le sperme �tait encore tout chaud. Avec une fr�n�sie inexprimable, j'y apposai mes l�vres. Ce dont je pus me rassasier, je m'en rassasiai. Quand enfin il n'y eut plus rien � idol�trer, je courus dans la salle de bains, je me pla�ai contre l'�vier et il ne fallut qu'un effleurement de ma verge pour lui faire rendre le flot le plus furieux qui e�t jamais �t� l�ch� de m�moire d'adolescent. Je vous jure, sans vanterie, que la gicl�e se projeta jusque sur la glace, avec une violence d'orage d'�t�. Quant aux sensations, elles me valurent le vertige le plus �lectrisant de mon existence.

Restait � d�m�ler la question qui me br�lait les l�vres et le corps : Christophe avait-il c�d� � une pulsion toute banale, � l'une de ces commotions galvaniques qui, � dix-sept ans, sont aussi irr�pressibles que violentes, ou bien la cause de cet �panchement �tait-elle � chercher dans le spectacle que je lui avait offert de mon extatique nudit� ? Je tremblais de bonheur � l'id�e que mon cousin e�t sur moi les m�mes vues que j'avais sur lui. Pour r�soudre cette �quation, je pris le ferme parti de proc�der par allusions discr�tes et par une certaine ostentation dont je comptais mesurer avec exactitude les effets sur un si sensible gar�on : par exemple, l'apr�s-midi, nous nous rend�mes � une p�che que l'on pratiquait dans un �tang fort solitaire, enclos � l'int�rieur de la propri�t�. Comme il faisait chaud, je me d�shabillai torse nu et pieds nus. Pourquoi pieds nus ? J'ai souvent remarqu� que l'int�r�t que l'on voue � un gar�on s'accro�t en raison directe du plus ou moins de d�pouillement de sa personne ; que cela met en valeur le reste, et que pour peu que l'on porte un short court aux jambi�res larges, ce qui facilite les lorgnades par les �chancrures, un savant n�glig� n'est pas peu enclin � sugg�rer ce qui se d�robe encore mais qui, par ce biais, dessine les pointill�s de l'ouvrage complet o� l'on invite.

Ce fut avec un indicible sentiment de bien-�tre que j'acquis bient�t la certitude que les yeux de Christophe lan�aient des �clairs toutes les fois qu'avisant mon slip orange sous le short, il croyait exercer anonymement ses contemplations. Je notai aussi qu'il maraudait de plus en plus souvent un c�toiement rapproch�.
Nous e�mes ainsi une journ�e fort captivante, o� chacun s'�vertuait � sonder l'autre et � lui pr�senter toutes sortes d'hommages savamment figur�s et empruntant parfois, raffinement supr�me, l'antiphrase pure et dure. L'id�e d'exciter mon cousin m'enhardit � me lancer dans une diatribe jou�e contre les p�d�s, sur ce ton ironique farci d'antanaclases (3) dont les accents ne pouvaient manquer d'�tre interpr�t�s en sens inverse du discours.
Le soir, mes parents se couch�rent t�t. Je proposai � Christophe un jeu.

J'avais observ� que toutes les fois qu'on pronon�ait le mot jeu � l'excellent gar�on, ses prunelles s'allumaient, son visage s'ornait d'un sourire b�at et toute sa personne vibrait avec la m�me spontan�it� qu'un bambin � qui fait entrevoir la h�te remplie de joujoux du p�re No�l. En v�rit�, Christophe �tait un enfant, tout comme moi. Je lui exposai ce que je comptais faire, avec son appui :
- Mes parents sont tristes, mornes, bourr�s de pr�jug�s, des vrais jans�nistes, tu sais �a...
- J'ai eu le temps de l'appr�cier, fit Christophe.
- Avec eux, pas question de se balader la nuit, de s'offrir quelques petits plaisirs nocturnes extra-muros, c'est bien trop dangereux, on pourrait �tre piqu� par des serpents ou enlev�s par les acolytes de Ra�l...
L�, Christophe crut s'�touffer de rire.
- Donc, si tu veux, repris-je, on fait ceci : on chausse nos baskets, et on va � l'aventure tout partout, c'est rigolo, il y a plein de trucs myst�rieux la nuit.
J'ajoutai, volontairement �quivoque :
- On peut par exemple aller sur le toit du pavillon...
- Quel pavillon ?
- Tu sais, l'esp�ce de petit kiosque derri�re les orangers.
- Ah oui...mais c'est loin...
- Cinq cents m�tres, c'est rien, et �a nous distraira.
- Et c'est bien ? Je veux dire, confortable ?
- C'est plat, sem� de petits cailloux. On emporte une couverture, des clopes, et aussi �a...
En pronon�ant ce mot, �a, j'ouvre discr�tement ouvert l'armoire � linge, je plonge le bras en direction du coin le plus obscur, je t�te et je sors une bouteille de whisky. Christophe �carquille deux gros yeux effar�s :
- Eh b�, Bill, me dit-il, t'as de la suite dans les id�es...
- Tu comprends bien qu'on peut pas picoler ici, on sait jamais, avec l'odeur du tabac, celle de l'alcool par-dessus, �a ferait un m�lange qui ne passerait pas inaper�u. Aussi, sur le toit du kiosque, ni vus ni connus.
- Et si on s'endort ?
- J'ai ma montre, je la programmerai pour nous r�veiller.
J'avais compt� sur un assentiment ; ce fut une bord�e d'enthousiasme. Le bon Christophe ne se tenait plus de joie de commencer ces vacances par une gal�jade de coll�giens.

En moins de dix minutes, voici comment se d�vida le fil de notre intrigue : apr�s avoir enfil� nos surv�tements, nous serrons la bouteille et deux verres dans un petit sac, le tout bien enrob� de linge pour �viter les cliquetis ; puis nous enroulons une couverture que nous sanglons � l'aide d'une ceinture et, pieds nus, nos chaussures � la main, t�chant de voiturer sans bruit les diff�rentes pi�ces de notre bagage, nous descendons au rez-de-chauss�e, nous filons par une porte de service, soigneusement referm�e derri�re nous, et nous voil� au frais de la nuit, riant d'avance d'une escapade qui nous excitait tant qu'� un moment, nous part�mes d'un fou-rire qui aurait pu nous trahir sans retour.

Le toit du kiosque n'�tait pas d'un acc�s tr�s difficile ; ce fut sans trop de peine que nous nous y hiss�mes. La couverture une fois d�roul�e, nous mettons en place notre intendance de beuverie et tandis que Christophe remplit les verres, je roule deux gros p�tards � d�lirer jusqu'au matin. Car vous saurez qu'ayant instruit Christophe de la pr�sence dans mes poches d'un bon morceau de taf, il m'avait adress� un clin d'oeil qui en disait long sur sa sympathie de longue date avec la chose. Premi�re amorce d'une collusion que j'esp�rais encore plus compl�te.
Essayez donc de vous peindre la sc�ne : nuit compl�te mais claire, pas un nuage, la lune scintillant dans son troisi�me quartier, ce qui faisait qu'on y voyait plut�t bien, et nous deux, adoss�s au parapet du toit, c�te � c�te, un verre dans une main, le tarp� dans l'autre ! Si ma m�re nous avait vus, c'�tait fini, soit elle divor�ait et entrait au couvent, soit elle s'ouvrait les veines en priant toutes les Madones de la Sainte Congr�gation des Vierges Immacul�es pour n�gocier le rachat de mon �me perdue de vices et de luxure.

Jamais je n'aurais augur� d'une soir�e pareille ! Deux jours plus t�t, j'enrageais de ces maudites vacances, aujourd'hui il aurait fallu m'assassiner pour m'y soustraire. Christophe, �moustill� comme un �colier, tirait avidement sur son p�tard et buvait sec. Comme je n'avais de cesse de l'imiter, nous e�mes bient�t assez chaud.
Avoir chaud, c'est le pied � l'�trier pour un nouveau degr� sur l'�chelle de la d�sinvolture : aussi ce fut le plus candidement du monde que nous d�pouill�mes nos torses du superflu qui les encombraient. Quel moment que celui-ci o� poitrines au vent du soir, flanc � flanc, nos bras s'effleurant jusqu'� se toucher, nous fumions et nous buvions dans la p�nombre en savourant � l'envi le plaisir secret de scruter l'autre et d'appuyer vers lui des regards que n'aurait pas autoris�s la circonspection du grand jour.

Cet avantage abandonn� � la fantaisie de nos oeillades se doublait, douceur exquise, de l'enti�re libert� de promouvoir une ardeur peu inqui�t�e d'�tre aper�ue en flagrant d�lit d'�mancipation ; car nos shorts, trop amples pour trahir leur secret, appropriaient encore la nuit aux �closions clandestines d'un d�sir qui m'avait enti�rement envahi, avec les agr�ments les plus d�lectables. Cependant, de l� � distinguer sur la devanture de Christophe une t�m�rit� analogue, il y avait bien loin.
Alors que nous en �tions au pr�mices de cette adoration muette, il me sembla que quelque chose avait remu� dans les taillis.
Les taillis tenaient une grande �tendue autour du kiosque : buissons, halliers, arbrisseaux nains, le tout sur un tapis de mousse fort propice aux marches sourdes et aux reptations silencieuses.
Christophe, alert� par mon dressement de daim, me regarda et souffla :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Un doigt sur la bouche, accompagn� d'un geste �loquent recommandant discr�tion, le renseign�rent plus qu'aucun discours. Je finis par lui glisser � l'oreille :
- Il y a quelqu'un en bas...
- Tes parents ? murmura Christophe.
- Non, ils dorment, tu penses ! Quelqu'un qui s'est introduit dans la propri�t�.
- Des voleurs...
- Peut-�tre... Il faut aller voir.

Tandis que ce court dialogue s'�changeait, Christophe avait d�, comme moi, modifier sa posture. Ce qui s'�tait trouv� dans l'ombre parut soudain sous les reflets de la lune.
Un �clair de volupt� me traversa de part en part.
Sur le short de Christophe, une longue barre, relev�e, vigoureuse, terrible � voir, formait une esp�ce de rigidit� qui, supr�me et involontaire subterfuge, empruntait ses plis des froissures m�mes du short avec lesquelles ils se confondaient. Rien de plus enivrant : un �blouissement entra dans ma chair. Sans trop savoir ce que je faisais, et sous couvert de rattraper en me levant un �quilibre volontairement rompu, je posai ma main sur la cuisse de Christophe.
Il me sembla qu'elle frissonnait.

On imagine si l'intrusion des visiteurs ne me faisait pas enrager, apr�s avoir mis au jour les dispositions de mon cousin. Seulement, il y a les r�ves, et il y a la r�alit�. Celle-ci nous rappelait au devoir de pr�vention contre une survenue dont il �tait indispensable de d�m�ler les mobiles.
Nous descend�mes � pas de loups.
Avant cela, nous avions r�ussi � d�terminer approximativement l'endroit o� se situait le d�rangement. L'espace d'un bref instant, nos yeux avaient discern� deux ombres. Cela nous engagea � faire diligence, avec toute la discr�tion requise.

Christophe �tait un gar�on courageux. Les p�rils ne l'effrayaient pas. Au surplus, il �tait v�loce et insinuant comme une anguille. De mon c�t�, je lui rendais des points. Cette collusion de vertus favorables au d�brouillage d'une intrigue servit au mieux nos intentions.
Notre boussole int�rieure accord�e � notre flair finit par nous mener tout aupr�s d'un buisson o� il se faisait un bruissement discret mais impossible � ne pas entendre. La lune, je le rappelle, �tait dans ses trois quarts, ce qui, � condition de demeurer sous le boisseau d'un pan d'ombre, permettait de tout voir sans �tre vu.

C'est � cette strat�gie de haut vol que nous d�mes de passer totalement inaper�us. La pr�sence d'une petite excavation donnant sur l'int�rieur du buisson nous pla�ait en posture d'�lucider avec le plus grand profit la particularit� d'une intrusion dont nous commencions tout de m�me � entrevoir certains aspects.
Je dis cela, car il devenait de plus en plus patent que nous n'�tions pas en pr�sence de voleurs ou de vagabonds. Ceux qui avaient nuitamment investi la propri�t� se montraient silencieux, mais de ce silence particulier qui concerte un dessein sinon paisible, du moins parfaitement inoffensif.
Tout � coup, exactement dans notre ligne de mire, et � moins de dix m�tres, nous v�mes un spectacle � couper le souffle.
Deux personnages, un gar�on et une fille, se tenaient face � face, nus et mains jointes. Le gar�on embrassait la fille et son sexe, long, courb�, admirable, pointait contre un ventre qu'on devinait bouillant. Leurs baisers, de plus en plus haletants, entrecoup�s de soupirs caverneux, t�moignaient cette passion d�vorante qui ne peut gu�re surseoir � de plus amples �treintes.

Ces pr�mices, de plus en plus fr�n�tiques, dur�rent jusqu'au moment o� le gar�on souleva la fille par les fesses, l'obligea � s'accrocher � lui, jambes autour des reins, et entra doucement en elle avec une sorte de sanglot caverneux. Nous v�mes comme en plein jour, les yeux riv�s sur ce spectacle extraordinaire, la lente enfilade du long sexe et sa disparition au creux du sillon, tandis que le gar�on feulait comme un tigre et que la fille poussait des g�missements aigus. Nous ne disions rien, mais nos tempes �taient le si�ge d'un mart�lement de forge et nos corps le creuset d'un s�isme d�vastateur.
Cependant, le gar�on avait d�pos� sa compagne sur l'herbe et ses fesses rhythmaient le mouvement des pulsions de f�licit�. Mon p�nis �tait si tendu, si humide que je dus glisser une main adroite sur mon short pour en rectifier la posture.
Christophe le devina-t-il ? Quel d�mon visita ce gar�on que la veille encore je n'aurais jamais soup�onn� de la moindre complaisance avec la nation arcadienne ? Toujours est-il que pr�voyant un effet forc�ment int�ressant sur les vis�es que je lui avais surprises, j'�tais loin tout de m�me de m'attendre � l'aplomb avec lequel il c�da aux pulsions qui l'enflammaient.

Si les petites causes produisent de grands effets, ce n'est pas une contre-v�rit� d'affirmer que les petits hasards engendrent les grandes aventures. Car, tandis que le couple parvenait sous nos yeux � la p�roraison de leur nocturne passion, il advint que notre position accroupie ayant un peu ankylos� nos mollets, nous cherch�mes � lui en substituer une plus commode. Dans cette manoeuvre, conduite avec toute la discr�tion requise, Christophe perdit l'�quilibre de mon c�t�. Comme de raison, sa main se rattrapa � mon �paule. L'aubaine �tait trop belle pour ne pas mettre � profit un incident bienvenu, sous couvert d'assistance mutuelle. J'eus donc le meilleur r�flexe qu'on p�t avoir dans la circonstance, je l'entourai � la taille. L� encore, mouvement qui pouvait passer pour purement fortuit.
Ce qui eut lieu alors devait rester dans la m�moire de mes sens comme un de ces instants o� l'intensit� des sensations en d�cuple les �blouissements jusqu'au vertige.

Devant nous, les hal�tements du gar�on se faisaient de plus en plus marqu�s et prenaient diapason � ceux de la fille. Les hal�tements culmin�rent bient�t en une esp�ce de plainte dont la derni�re note, hach�e, co�ncida avec la suspension de la battue des fesses. Quelques secondes, et un nouveau long soupir de lamentation troua le silence de la for�t. Moi, les yeux grand ouverts, je laissais s'�couler avec une volupt� irr�pressible le chaud liquide que l'�moi tirait de ma sensibilit� � vif. J'y �tait d'autant plus incit� que Christophe, loin de protester contre mon bras autour de taille, semblait acquis � la cause d'un rapprochement si n�cessaire.
Ce fut alors que quelque chose s'introduisit sous l'�chancrure que mon short ouvrait de part et d'autre du haut des cuisses.
Ce quelque chose, c'�tait la main de Christophe.

Ivre de d�sir, j'�cartai mes jambes, de fa�on � desserrer le hiatus et � donner quelque l�chet� au slip.
Subitement, je poussai un petit geignement : les doigts, encourag�s par mon initiative, avaient remont� tout du long de ma verge si suintante que ce simple contact en d�cida le complet d�gorgement.
Ce fut un plaisir sans �pith�te appropri� � la force avec laquelle mon sperme inonda tout, slip, short, main de Christophe, jusqu'� sa cuisse o� s'�goutt�rent quelques embruns. On e�t dit qu'il ne cesserait jamais.

Pendant que le torrent d�versait son �cume, j'avais machinalement rendu grive pour merle � l'adorable et f�brile gar�on � qui je devais la plus violente volupt� de ma vie. Le souvenir de son sperme sur les draps, les infinies convulsions de son p�nis entre mes doigts, le film sirupeux dont il �tait enrob�, l'odeur �cre que j'en recevais par l'ouverture du short, tout concourrait � promouvoir en sacerdoce les douces effusions de nos accordailles nocturnes.
Soudain, je le repoussai doucement en murmurant : attends ...

Imaginez un gar�on d'une beaut� romaine � se damner, qui d�f�re � mon ordre et se laisse retomber en arri�re dans un mouvement intraduisible d'abandon et d'extase ; imaginez la d�couverte de deux cuisses puissantes toutes parfum�es des senteurs d'Eros ; imaginez le p�nis du monde � la fois le plus viril et le plus juv�nile, m�lange de force et de d�licatesse ; je venais de rouler hors de moi un torrent de temp�te, l'odeur de Christophe ranima tous mes sens. Avec quelle d�lectation je me penchai sur le long fuseau br�lant ! Christophe releva la t�te une seconde, puis s'affaissa, livr� aux torrides initiatives de ma passion.
Je n'avais jamais go�t� d'autre sperme que le mien. Celui de Christophe me parut l'ambroisie des ambroisies. Quand la houle faisait se gonfler la gaine, je suspendais le mouvement et mes l�vres accueillaient le premier crachin d'un pistil dont le go�t poivr� me mettait au supplice. Puis je reprenais mes glissements sur la tige de mon admirable cousin et j'usais de mes savantes digressions pour avancer avec art et lenteur sur le chemin de cette joie de vivre que produit l'embrasement de deux chairs exacerb�es de b�atitude et unies dans un commun id�al de libert�.

Je parvins � pr�venir la seconde o� le jet se propulsa. Le chaud liquide, recrut� d'une infinit� de filaments, aspergea mon palais avec une fureur qu'augmentait encore le hal�tement de Christophe. Ce fut en cette heure divine que je compris que l'amour des gar�ons, chez moi, n'�tait plus seulement un go�t, mais un apostolat.
Nous ne sous �tions m�me pas aper�u que le couple avait trouss� bagage.
Christophe, haletant, n'eut pas un mouvement de contestation envers les divines longueurs dont j'accablais ses sens endoloris. Un peu de son sperme faisait sur le flanc de sa verge une longue larme de gratitude. Avec un soin d�licat, je recueillis ce pr�cieux troph�e d'un triomphe sur un gar�on qui, pour convoler en noces suppos�es avec une fille, venait de se prouver � lui-m�me le caract�re universel de la dualit� en ce monde.
Le moment vint de nous rhabiller.

Jusqu'� la maison, nous n'e�mes pas une parole. Nous entr�mes dans la chambre et nous nous couch�mes, sans avoir allum�.
L'embarras d'assumer un acte tout de m�me cuisant pour la superbe, r�clamait l'urgence d'un rem�de qui en arrond�t au moins les asp�rit�s les plus douloureuses. Ce fut � quoi je me disposai ; dans un murmure, je soufflai :
- Christophe ?
- Oui, r�pondit le gar�on sur le m�me ton.
- Tu dors ?
- Non.
- T'as pas envie de dormir ?
- Non.
Un moment de silence, puis :
- Et toi ? fit Christophe.
- Moi non plus.
Je repris, aussit�t :
- Au fait, tu dors � poil ?
- Oui.
- Enti�rement ?
- Oui.
- Moi aussi...
J'entendais la respiration haute de mon compagnon. Que notre plaisir n'e�t pas plus d'une demi-heure d'anciennet� n'avait rien �t� � une d�mangeaison qui renaissait de cendres trop chaudes pour ne pas produire un nouveau brasier. Fou de d�sir, je m'armai de courage et :
- Tu sais pas ? fis-je.
- Quoi ?
- J'ai envie de me branler...
- Moi aussi...
- Avec toi.
- Moi aussi...

Brusquement, je sors de mon lit, je d�couvre les draps de Christophe, je m'allonge sur lui, je l'�treins avec d�lice, mes l�vres se collent � ses l�vres, je remonte ses jambes, il n'y objecte rien, il fait mieux, il laisse ses cuisses c�der � la pulsion qui les entr'ouvrent, je n'ai que le temps de lui dire : tu veux bien ? Pour toute r�ponse, j'obtiens le libre passage entre ses colonnes d'Hercule, encourag� encore par sa main dirigeant elle-m�me la fi�vre de mes dix-sept ans.
Je ne saurais dire si j'eus plus de joie � f�conder les entrailles de mon camarade ou si, intervertissant les r�les, la volupt� de provoquer la sienne ne surpassa pas celle que j'avais �prouv�e. Toujours est-il que le double �clair qui illustra notre nuit d'amour n'eut d'�gal que celui qui, au petit matin, d�cora notre r�veil. Le drap �tait rejet�, ses fesses m'apparurent, la corolle encore humide de la veille me rendit fou, je pris position, Christophe s'�veilla pour sentir un long glissement s'insinuer en lui, pendant qu'une haleine chaude couvrait sa nuque d'une myriade de baisers.

Pour son tour, il proposa la variante debout. Ce fut ainsi que les mains contre le mur, je subis le doux assaut d'un gar�on dont les odeurs m�les puisaient leur surcro�t de musc dans l'exc�s de nos r�centes lib�ralit�s, tandis que s'affirmait, par un jet d'une prodigieuse �nergie, le triomphe de l'adolescence sur les entraves d'un monde carc�ral. Je me souviens de ce qu'il demeura longtemps en moi apr�s le dernier spasme rendu, que nous nous recouch�mes, que ses bras ceintur�rent ma poitrine, que sa joue se posa sur ma joue, que ses baisers avaient un go�t de sucre, que ses cheveux sentaient l'humus des sous-bois, que mon coeur s'extasiait � en mourir et que le sien devait ressentir les m�mes atteintes, car il me sembla qu'un liquide chaud et humide coulait sur mon visage.
Je me rappelle aussi ces mots, prononc�s dans un murmure presque inaudible : je t'aime.
Nous avions joui de notre chair. Ce je t'aime surpassa toutes les jouissances. Ce fut le couronnement de ce qui ne devait �tre qu'une partie de plaisir entre gar�ons et qui �tait le d�but d'un amour infini.

Aujourd'hui, je vis avec Christophe. La fille avec qui il avait nou� liaison par pure convenance, fut mise dans le secret et, pass�e la petite humeur de d�pit, ne tarit pas d'�loges sur notre amiti�. Nous avons dix-neuf ans. Nos parents sont positivement scandalis�s et ma m�re en a fait une maladie qu'elle soigne comme elle peut, � coup d'extraits des actes des ap�tres, du L�vitique et des �p�tres aux Corinthiens.
Quant � nous, nous nous aimons comme les �toiles dans le ciel aiment les soleils dont elles re�oivent la chaleur. Rien n'est plus doux que nous promener, les soirs d'�t�, le long de la plage d�serte de Mimizan ou du Pyla, en regardant se coucher � l'horizon le globe qui a l'air d'un gros oeil rouge pos� sur une ouate. Rien n'est plus enivrant qu'une longue �treinte arrach�e au silence clair et l�ger de cette fausse p�nombre qu'est une nuit de juillet. Rien ne fait plus aimer la vie que nos maillots glissant sur nos jambes, que nos ardeurs se donnant carri�re et se disposant � entrer en lice dans cette joute inexprimable qu'est l'amour.
Ah, j'oubliais...
Nous avons rompu avec nos familles.

Croiriez-vous qu'elles eussent mis au net un plan de bataille qui visait � nous s�parer apr�s nous avoir couvert d'opprobre ? La honte attach�e � l'abjection d'une prog�niture m�le sans descendance possible pour cause d'infamie, la fl�trissure qui cro�t par d�pit, dans les petites bourgades bourgeoises, sur tout ce qui d�range le confort moral de cet amas de toiles d'araign�es et de poussi�re qu'on appelle les bonnes moeurs, ont induit un moment nos ascendants � fulminer clameur de haro contre nous, histoire de prouver qu'un accident de g�n�ration, j'emploie leur terme, ne pouvait rejaillir sur leur honneur.
Et puis, Dieu, qu'on y croie ou non, existe bien : la preuve, il nous est venu en aide.
Quinze jours apr�s notre majorit�, nous avons jou� au quint�, comme cela, par intuition. R�sultat, pr�s d'un million d'euros.
Ce gain a achev� d'aff�ter les couteaux de la haine brandis contre nous.
En vain.
Personne ne sait o� nous vivons.
Personne, sauf Fran�ois et Matthieu.

Ils sont gais, comme nous, et comme nous, leurs parents les ont rejet�s. Nous les avons accueillis. Ils sont chez nous comme chez eux. Ils s'aiment et rien n'est touchant comme de voir, dans les apr�s-midi pluvieuses, leurs deux corps frais et vibrant pr�luder en tailleur aux joies infinis d'un long chapitre de f�licit�. Du reste, nous ne nous cachons pas les uns aux autres et le spectacle du bonheur d'autrui sert � rendre plus pr�cieux celui qui nous est d�volu en partage.

Quant � l'avenir, nous le regardons avec ces yeux de gratitude qu'inspire un sort que nous voudrions commun � tous les gar�ons qui, sur cette terre, ont � subir le froid m�pris des gens de bien, la duret� fangeuse des faiseurs de remontrances et l'ineptie plate et vide des �mes visqueuse pour qui vendre des missiles � un tyran est plus louable dans l'ordre hi�rarchique des valeurs, que de caresser son bien-aim�. C'est que la Bible n'interdit pas de vendre des missiles ; en revanche, il y est dit, au chapitre 18 verset 22 du L�vitique : tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.

Sic transit gloria mundi . (Ainsi passe la gloire du monde.)

Yves

1 C'est � dire en se sauvant et en d�cochant des fl�ches tra�tresses, ce qui �tait la mani�re des cavaliers parthes pendant les guerres qu'ils livraient aux Romains. RETOUR

2 Voir Candide, de Voltaire. RETOUR

3 Une antanaclase, en rh�torique, est l'emploi d'un mot ou d'une proposition dans un sens contraire � son v�ritable sens : ainsi le coeur a ses raisons que la raison ne conna�t pas. RETOUR

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