Cyrillo

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CASANEGRA*

Mon boeinge a caress� il y a � peine 3 heures le tarmac de Mohamed-V, l'airport de Casablanca, et, tout juste arriv� au Sheraton en centre-ville, je me suis empress� de larguer mes coll�gues, pr�textant un ras-la-casquette de fin de journ�e et la chaleur �touffante pour me replier ciao-bonsoir-see'ya dans ma chambre climatis�e. Quelques minutes plus tard, discret et anonyme, jean-baskets et dents blanches, je me glisse au-dehors et h�le un petit taxi rouge qui, en essayant bien s�r de gentiment m'arnaquer, va me conduire ce soir de l'autre c�t� du miroir blanc de Casa.

Me voici devant la mosqu�e, 20 heures, pile � l'heure du rendez-vous, dans ce quartier populaire o� vient de me d�poser le taxi. Je reconnais facilement Hicham, � une dizaine de m�tres, d'apr�s la photo qu'il m'a envoy�e sur Internet. Il est jeune, charmant, le visage souriant. On avait convenu d'aller au hammam, j'ai donc mon sac � dos avec une serviette. Quelques mots amicaux plus tard, nous marchons d�j� vers le hammam de ce quartier, �loign� de son domicile, justement pour �viter d'y rencontrer quelqu'un de sa connaissance.

Nous fendons la foule des fid�les sortant de la mosqu�e, me voici �trangement le seul "Francaoui" � perte de vue, en plein ramadan, � l'heure de la sortie de la pri�re, avec un "copain" marocain que je ne connais jusque l� que par Internet et pour que l'on aille jouer � des petits jeux pas franchement approuv�s par la religion du coin, et m�me franchement "haram", c'est-�-dire "p�ch�s", m�chamment punissables tant par le Coran que par la loi marocaine si on se fait choper en flagrant d�lit. M�me si je me dis que �a ajoute du piment � l'aventure, je ne suis pas tellement rassur� et je fais mine de me comporter avec naturel comme si j'�tais un "Casaoui" (Casablancais) pur jus, sans tout de m�me pouvoir dissimuler ma p�leur ni mon style europ�en.

Hicham me conduit � un petit immeuble banal, une sorte de villa d'un �tage ouverte sur la rue, que rien ne distingue de ses voisines. Je r�gle le modique prix d'entr�e et nous p�n�trons imm�diatement, apr�s la m�me porte en rez-de-chauss�e, dans une pi�ce, carr�e, de 4 ou 5 m�tres de c�t�, vaguement �clair�e d'une lumi�re blafarde par une ampoule nue pendue au plafond, au sol carrel�, que je reconnais apr�s quelque h�sitation �tre le vestiaire avec son banc en bois peint en vert qui l'entoure. Il n'y a pas de casier, mais � droite de l'entr�e un petit comptoir derri�re lequel patiente un gar�on, devant une �tag�re vulgaire o� s'empilent des v�tements et chaussures. Assis � gauche sur le banc, un homme bedonnant et assez �g�, ceint d'une courte serviette blanche, parle tout seul, �ructant quelques mots que mes connaissances parcellaires de l'arabe sont �videmment incapables de comprendre, tandis qu'en face me fixe d'un regard curieux mais pas hostile un jeune Marocain, uniquement v�tu d'un boxer noir.

Je me d�shabille en m�me temps qu'Hicham et en suivant discr�tement ses gestes, mimant l'indiff�rence et l'habitude, alors que j'ignore si je dois me d�nuder enti�rement dans ce lieu insolite et presque mis�reux. Hicham me sauve la mise en prenant quelques secondes d'avance, et gardant son slip, je d�cide bien s�r d'en faire de m�me. Je n'ose pas me cacher derri�re ma serviette et la conserve sur l'�paule pour porter mon sac et mes affaires jusqu'au comptoir, o� le dr�le de mec, gardien du temple et du temps de cette pi�ce impudique, n'a rien perdu de notre strip et me regarde venir avec un air de d�fi. Je me sens devant lui d�nud� jusqu'au fond de mon cerveau, comme s'il savait que la venue en ce lieu de cet Europ�en en compagnie d'un jeune Marocain ne peut qu'�tre synonyme de "p�d�rastie". Il pose devant chacun d'entre nous deux seaux empil�s, en plastique noir.

Nous poussons une porte en bois et entrons dans une pi�ce enti�rement carrel�e du sol au plafond, violemment �clair�e, qu'occupe une dizaine de mecs, des jeunes et des moins jeunes. Je ne comprends pas o� je suis, j'en suis presque effray�. Dans mon esprit, un hammam est un espace ouat�, envahi d'une vapeur br�lante et r�confortante aux subtiles senteurs d'eucalyptus ou de lavande, � l'oppos� de cette pi�ce froide, agressive et glauque. En quelques mots, Hicham r�pond � mon �tonnement et m'explique que nous sommes bien dans un hammam traditionnel maghr�bin, pas dans un "hammam turc". Le jeu consiste � aller remplir le seau d'un m�lange d'eau chaude et froide, s'asseoir ou s'accroupir dans un coin, s'asperger puis se frotter vigoureusement avec du savon noir (que je n'ai pas) et un gant de crin (bis repetita), et recommencer cinq fois, dix fois, trente minutes durant. Cette insistance � chasser d'improbables impuret�s, de la peau mais aussi de l'�me, m'appara�t tout autant religieuse qu'hygi�nique.

Alors pour le salut de mon �me, qui en a bien besoin, je me lance et je joue, belote et rebelote et dix de der avec le seau, sans un mot ou presque, matant d'un oeil Hicham, attir� par son corps qui dodeline, par son slip noir qui s'ouvre sur une masse sombre lorsqu'il �carte par instants les cuisses, ou qui d�voile des fesses bomb�es lorsque ses mains plongent pour les frotter. A c�t�, tout comme Hicham, les mecs remontent soigneusement leur slip moussant de savon pour le plaquer et bien mettre en valeur leurs attributs, ou au contraire l'�cartent largement pour se les laver d'un long mouvement tournant, vrais machos h�t�ros ha�ssant les p�d�s mais qui n'ignorent pourtant rien de l'impudeur provocante de leurs gestes. Je suis l�, au milieu d'eux, en slip blanc, qui se retrouve bien vite transparent lorsque je renverse les seaux d'eau ti�de sur mon corps, le tissu coll� � ma queue et � mon cul n'est plus qu'un voile translucide, sensation �trange de me mettre � poil sans l'�tre compl�tement, devant ces jeunes arabes, un fantasme de soumission presque trop facile qui se r�alise ce soir sans l'avoir pr�vu.

Lorsque nous sortons un peu plus tard du hammam et que nous nous retrouvons dans la rue, j'ai chaud, je suis amus�, excit�, le corps en sueur, la t�te pleine de flashes. Alors je propose � Hicham d'encha�ner tout de suite avec le plan num�ro 2 que nous avions imagin� et discut� sur Internet : � proximit� se trouvent en effet des douches publiques. La situation est encore plus insolite : un Francaoui n'a rien � faire ici, alors qu'il est, quasiment par principe et par "statut", �vident qu'il dispose d'une salle de bains chez lui ou � son h�tel. Mais le mec au guichet s'en fout et contrefout, et je ne sais pas et ne saurai jamais s'il se doute de ce que vient faire cet Europ�en accompagn� d'un Marocain. Dans le petit couloir o� s'aligne une dizaine de portes, une seule cabine semble occup�e, d'apr�s la lumi�re renvoy�e au plafond. Nous nous installons dans deux douches voisines, refermons chacun notre porte, j'ouvre le robinet et m'abandonne au jet rafra�chissant et 30 secondes plus tard s'ouvre la porte et Hicham me rejoint sans un mot.

Je suis � poil, il est encore en slip, je l'attire contre moi et nous nous embrassons goul�ment. Je serre avec force ce corps fin et muscl� que je ne pouvais toucher tout � l'heure au hammam, il est enfin � moi, je caresse lentement ses flancs, son dos, et me plaque contre son paquet que je sens imm�diatement durcir. Ses mains parcourent aussi mon corps, se posent sur mes fesses, ses doigts s'insinuent dans la raie, remontent, redescendent, insistent, touchent, tournent, �cartent, je me laisse faire, ou plut�t non, je l'aide, je me l�ve sur la pointe des pieds pour faciliter son mouvement. Je plonge ma main dans son slip et en sors une queue �paisse, dress�e et palpitante. Hicham pousse ma t�te et je tombe au sol pour m'occuper de ce membre, l�chant d'abord le gland avant de le prendre entre mes l�vres et de l'exciter de ma langue tournoyante, puis, centim�tre par centim�tre, je le fais glisser, je l'absorbe, l'avale, il bute contre ma glotte, manquant m'�touffer. Hicham tient fermement ma t�te et me fuck la bouche d'un mouvement rapide et continu, plusieurs minutes durant, pendant que mes doigts soup�sent ses couilles et vont explorer ses fesses. La douche coule toujours et couvre nos r�les, je d�gouline, Hicham se retire, me rel�ve, me retourne et me plaque contre le mur carrel�, il se love contre moi, enserre mes mains dans les siennes, m'embrasse le cou, mordille une oreille, et branle sa queue de haut en bas dans ma raie. Je m'�carte quelques secondes, prend dans mon sac un pr�so et du gel, et me remets contre le mur, les yeux ferm�s, soumis � son d�sir,et mon esprit d�colle comme un boeinge, un soir, ce soir, Casablanca la ville blanche, Casanegra* la ville obscure, la vie cach�e, Hicham, hammam, haram, jeux d'eau, jeux de mains, jeux de sexe, je veux, je te veux, je.

(*NB : " Casanegra " est le titre d'un formidable film marocain sorti en 2009 qui raconte l'errance de deux jeunes dans la ville � la nuit tomb�e).

Oliounid Islov

Suite de l'histoire

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