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HISTOIRE

Le Réveillon

Assis devant la table du petit déjeuner, je soupire dans ma tasse de thé. Décidemment, je n’aime pas les fêtes de fin d’année. Je vais me faire chier toute la nuit de Noël. Au moins d’habitude, on invite la famille, du coup je peux tromper l’ennui en faisant semblant de m’intéresser aux personnes qui m’entourent. Cette année, chacun reste chez soi. Enfin, « chacun », c’est sans compter l’idée géniale de mon père, de récupérer un collègue de boulot, sa compagne, et leur fils. Non seulement je n’aurai aucun grand parent ou tante éloignée derrière laquelle me réfugier afin d’être peinard, mais en plus il y a de grandes chances pour que les regards se tournent, à un moment où un autre, vers moi. Je mache songeur ma tartine, en tournant la tête vers la porte de la salle à manger. Je vois déjà le profil qu’aura cette soirée. Ma mère va passer son temps aux fourneaux, à s’assurer que les plats ne brûlent pas dans le four. Mon père va discuter comme à son habitude, de boulot, politique et foot, bref le trio gagnant du consensus. Quant à ma sœur, elle va probablement interagir avec les invités pour agrémenter la conversation à la place de notre père. Sœurette, tu es une crème. Tu arrives à me sauver la peau de n’importe quelle situation gênante. En général, lorsqu’on va déjeuner ou dîner quelque part, et que je deviens un peu trop le centre de l’attention, tu récupères l’auditoire avec un problème bidon de l’actualité, une question de culture générale, ou comment se portent les autres membres de la famille absents. Pas grand monde me soutient aussi bien que tu le fais, et je compte bien te rendre la pareille un jour.

En tout cas, le 24, c’est aujourd’hui, et de facto, le réveillon, c’est ce soir. Ma journée est donc officiellement pourrie. Le seul point positif : j’ai tellement de choses à faire en attendant que je ne verrai pas le temps passer. Je dois emballer les cadeaux pour mes parents, acheter les dernières courses pour ma mère qui stresse à mort, préparer les décorations de la table de Noël, et essayer de me faire beau. J’aime bien préparer la table. Il s’agit de l’un de mes rares points forts concernant les fêtes. Je finis mon repas en réfléchissant aux activités que je vais entreprendre, et range les couverts de la table dans le lave-vaisselle. Je suis le dernier à manger, mais pour l’instant les hostilités n’ont pas commencé, je suis tranquille. J’entends quelqu’un sous la douche en haut, ça doit être ma mère, vu que ma sœur est au boulot, et que mon père se douche toujours à la dernière minute. Un coup d’œil par la porte du salon pour voir la télé allumée, et le fauteuil occupé, confirme ma première impression.

J’organise l’exécution des tâches dans ma tête. Ne voulant pas aller dans les magasins en pyjama, j’attends que ma mère termine dans la salle de bain pour prendre sa place. J’en profite pour choisir ma tenue parmi mes affaires. Classe ou décontracté ? N’arrivant pas à choisir, je sors de ma chambre pour voir la tenue de ma mère. Sur le lit parental, une robe bleue et noire satinée est posée délicatement, devant des bottines de cuir. Ok, il faudra mettre quelque chose de classe. En revanche, j’ai peur de salir mes habits avant ce soir, si je les porte dès maintenant. Changement de programme, je vais porter une tenue normale, et je me changerai un peu avant le réveillon. Je file faire mes ablutions, même si je sais que je n’aurai pas à me battre pour la cabine. Je me rase, passe sous la douche, en ressors, me coiffe. Je constate que j’ai oublié ma tenue dans l’armoire, garde donc ma serviette à la taille et vais la chercher en jetant le bout de tissu empreint d’humidité sur mon fauteuil de bureau. A peine habillé, ma mère m’appelle. Garde à vous dans la cuisine. Elle est affairée à sortir casseroles et ustensiles de tiroirs pleins à craquer.

- Tu es prêt pour les courses ?

Je récupère la liste qu’elle me tend.

- Ouaip. Tu as déjà un plat en tête pour ce midi ?

- Ah. Euh … Non. Tu veux bien prendre un plat préparé pour 4 ? Félicia est du matin, elle finit avant midi.

- Je m’en occupe.

Une bise sur sa joue plus tard, je saisis ma veste chaude, et descends allumer le moteur de ma voiture. Brrr. Il fait froid dehors. Pour l’instant, il ne neige pas, mais si des flocons se décident à tomber, il y a de grandes chances pour que la route reste blanche un moment. Coup de bol, il n’y a pas non plus de verglas. Je roule tranquillement vers la zone commerciale du coin, conscient de ne pas être seul sur la route à vouloir faire les dernières emplettes. Je m’oriente vers le supermarché, où je pourrai trouver toute la nourriture nécessaire. Il n’y a pas beaucoup de choix dans les plats pré-faits, ce qui ne m’étonne guère vu le jour de fête, cependant je réussis à récupérer une belle tourte ainsi que des patates sautées. Je ferai une salade de tomates pour compléter et ça suffira. Une fois retourné à la voiture, je me dépêche de tout ranger dans le coffre. Mon téléphone affiche 11h30, l’heure tourne. Assis, je constate que la sortie principale est embouteillée. J’envoie un message à ma mère pour lui dire que j’aurai peut-être un peu de retard. Tant pis pour la voie rapide, je passerai par le centre-ville. Je m’extirpe du parking par une voie secondaire, et emprunte l’autre sens de circulation. Sur le chemin, j’aperçois une boutique un peu isolée de jouets pour adultes. Je repense aux cadeaux, mais j’ai tout pris, et ce serait plus quelque chose de personnel. Cela étant, je ne me suis rien pris pour Noël. Bon, de toute façon, j’ai dit que je serai un peu en retard, alors autant en profiter. Je fais demi-tour et me gare sur l’une des places libre. En entrant, je suis accueilli par une douce chaleur du radiateur coupe-froid au-dessus de la porte. J’entends la vendeuse me saluer sommairement de derrière l’un des rayons. J’embrasse les différentes allées du regard, et me dirige vers celle qui me semble la plus prometteuse. Bien que je sois un consommateur appliqué, il faut dire que je ne viens pas souvent, puisqu’il est nettement plus simple et discret de commander sur internet. Malheureusement, je n’en ai pas le temps cette fois-ci. Tiens ? Ils ont un gode spécial Noël, couleur canne à sucre. Il est marrant, je prends la taille que je préfère avec sa boîte. Ai-je suffisamment de lubrifiant ? Bah, mieux vaut en avoir un de trop que pas assez. Je prends une petite bouteille sur le chemin de la caisse, et les mets sur le comptoir. Il y a des petites babioles funs à côté. Je soulève une bougie de décoration pour l’inspecter de plus près. Elle sent la vanille. La vendeuse arrive en trottinant. Elle est un peu plus âgée que moi.

- Vous voulez une petite bougie ?

Je réfléchis quelques secondes. Ça décorera la table, et elles sont différentes de celles du supermarché.

- Est-ce que vous en avez sans odeur ?

Elle fouille un peu l’étagère et m’en tend deux. Je lui en redonne une.

- Une seule suffira merci.

Elle scanne les articles, puis pointe du menton la grosse boîte.

- Je fais un papier cadeau ?

Je fais un peu la moue.

- Ce sera pas nécessaire.

- Ah. Désolé.

- Pas de soucis.

Elle les met dans un sachet en papier brun ordinaire qu’elle me présente. Je l’empoigne en me retournant prestement. La voix fluette de la vendeuse me rattrape.

- Je vous souhaite tout de même un bon réveillon !

- A vous aussi.

Je passe sous le radiateur chauffant, et tâche de bien refermer la porte derrière moi. La circulation a l’air raisonnablement fluide de ce côté de la ville. Je contourne donc les bouchons. Après une vingtaine de minutes, la maison est enfin visible. Je me gare dans le garage, et à peine sorti, j’entends une autre voiture ralentir au niveau du portail. Ma sœur vient de rentrer. Je sors les courses du coffre, et laisse mon sachet au pied d’une roue. Je récupère une partie que j’emmène directement à la cuisine, laissant le tourbillon de préparation gastronomique qu’est ma mère s’en occuper. Je repasse par le couloir, ma sœur ferme la porte du garage.

- Besoin d’aide pour transporter quelque chose ?

Je soulève les dernières courses achetées.

- Non c’est bon. J’ai fini.

- Et pour le sac qui reste ?

- Quel sac ?

Elle pointe mes achats personnels.

- Le brun à côté de toi.

Mes bras sont pris, je n’ai plus de doigt disponible.

- Oh, celui-là … Féli, est-ce que je peux te demander de le monter dans ma chambre sans regarder ce qu’il contient ?

- Aucun problème.

Je passe donc le couloir et range comme je peux les derniers aliments dans le frigo. Je ferme la porte de la cuisine. En passant devant les marches, du haut de l’escalier qui mène à nos chambres, j’entends ma sœur me crier :

- C’est pour qui la boîte ?

Je la fusille du regard.

- Je te déteste !

Elle me fait un grand sourire innocent.

- Mais nan, tu m’adores !

Bougon, je marmonne :

- Il y a des fois, je me pose la question …

Elle rit pour toute réponse et s’engouffre dans sa chambre. Ça ne me dérange pas vraiment. Elle me connait mieux que moi, et je ne comprends même pas pourquoi je lui ai demandé de ne pas regarder. Je secoue la tête avec exaspération. Le temps de réchauffer le repas de midi, et de faire la salade, elle aura fini sa douche et sa mise en beauté.

- Maman, je peux préparer le repas ?

- Oui, oui, je te fais un peu de place.

La tourte est mise à cuire dans le four remplit à craquer, les patates sautées trouvent un endroit dans le seul espace de cuisson non utilisé, et j’utilise les quelques centimètres carrés de plan de travail offert par ma mère pour couper les tomates, les glisser dans un saladier et les assaisonner. En allant dans la salle à manger, je vois que la table est déjà mise. Mon père est en train de trier les affaires disséminées dans la pièce pour la nettoyer. Il profite de ma présence pour me tendre divers papiers et objets que j’avais laissé traîner. Je repasse donc une énième fois le couloir pour monter les escaliers. À mi-hauteur, ma sœur descend en esquivant la charge que je porte, et narquoise, me fait une petite bise sur la joue. Je rosis légèrement.

- Tu t’habilleras de façon correcte après avoir vidé tes bras frérot ?

- Je me mettrai en tenue ce soir.

- T’as intérêt à me concurrencer !

Moqueur, j’entre dans ma chambre en proférant.

- Je n’aurai pas besoin de faire beaucoup !

Un coussin vole devant ma porte à la suite de ma remarque. Je souris, en posant tranquillement le matériel en vrac sur mon bureau, et commence à ranger. Les cahiers, dans leur casier, les crayons, dans le porte-stylos, et les papiers importants, à l’intérieur des pochettes qui leur sont assignés.

- A table !

Je vérifie en sortant la tête qu’aucune autre munition duveteuse ne m’attend d’en bas, et ramasse ledit coussin en le posant sur le lit de ma sœur bien aimée avant de descendre. Je me lave les mains puis me dirige vers le repas servi. A table, la discussion n’a rien d’exceptionnel. On échange sommairement quelques nouvelles par-ci par-là, ce qu’il reste à faire pour que le réveillon soit prêt, et rien de plus. Une fois fini, je laisse mon père et ma sœur débarrasser, pour aller emballer mes présents. Je récupère le papier cadeau, ainsi qu’un rouleau de ruban dans la réserve, monte, et fais de la place sur ma table en face du lit. Pour ma mère, ce sera simple. Je lui ai pris trois livres : un de détente, un polar, et le nouveau Goncourt. Pour mon père, ce sera un peu plus compliqué, je lui ai pris un sac, mais, il a une forme bizarre. Il faut que je me contorsionne pour réussir à en faire un cadeau à l’allure acceptable. Un petit flot pour chacun, un petit mot gentil dessus et voilà. Ils peuvent aller à côté de celui déjà préparé pour ma sœur. J’attrape mon sac brun posé sur mon lit, et le met dans un coin invisible de la pièce pour une personne de passage, avant de saisir ma nouvelle bougie que j’amène à la salle à manger. Ma sœur est en train de grignoter des petits gâteaux de Noël posés sur le buffet.

- Tu vas grossir à force d’en manger.

Elle se retourne et me tapote le ventre.

- J’ai encore un peu de marge, moi.

- Eh ! Mon poids est tout à fait acceptable !

- N’empêche que tu devrais aller faire du sport.

- Ok, ok. J’ai compris la subtilité de ton message, j’irai courir après le dressage de la table.

Je prends un peu plus de temps pour admirer sa tenue. Elle porte une robe rouge vermeil qui lui arrive jusqu’aux genoux, mettant en valeur la blancheur de ses bras et ses mollets nus. Les froufrous au niveau de sa poitrine apportent une touche de fantaisie au motif sobre, et le textile au niveau des jambes est suffisamment ample pour lui laisser une liberté de mouvement. Classe et pratique. Si on ajoute les chaussons assortis en tissu plats, on a la confirmation que j’irai courir tout seul. Je voulais initialement faire une table rouge, mais je ne veux pas que ma sœur soit considérée comme une extension de la déco. Du coup, Verte ? Bleue ? Orange ? Jaune ? Grise ? En vrai, je peux mixer un peu. Je me penche au niveau du buffet pour attraper une nappe grise et un chemin de table blanc. Les deux sont aussitôt posés dans le sens de la longueur. Je positionne les assiettes d’apparat, avec un lot de fourchette, couteau et cuillère, et me rend compte que je ne sais pas ce que l’on va manger.

Je passe la tête par la porte qui donne sur la cuisine.

- Maman ! On mangera quoi ce soir ?

Elle se retourne, les mains enfarinées, et compte sur ses doigts.

- Amuses bouches, apéro choisi par ton père, entrée froide, puis chaude, le plat principal, une assiette de fromage avec de la salade, un dessert et une bûche.

Je lorgne la montagne de nourriture qui s’amasse tout autour d’elle.

- Tu peux me rappeler combien de personnes viennent manger avec nous ???

- Juste nous quatre, avec les amis de ton père, ce qui fait 7.

Je lève les yeux au ciel, touche mon ventre et valide la pique de ma sœur. Course obligatoire cet après-midi, et course à prévoir durant la semaine qui arrive, voire celle d’après. Retour à la déco. Elle sera moins présente que pensée initialement, sinon il n’y aura plus de place pour les plats. Je rajoute un set de couverts, et une assiette plus petite par personne pour les entrées. Pour les verres, je n’ai aucune idée de ce que compte faire mon père, donc je prévois un verre de blanc, un verre de rosé, un verre de rouge, et un verre pour l’eau. Les verres à champagne seront directement posés sur la petite table du salon pour la partie amuses bouches et potins d’avant repas. Première étape finie. Pour les bibelots qui vont égayer la table, je trouve des petites pommes de pins colorées, des étoiles argentées, 4-5 boules de sapin non utilisées. Je les réparties un peu partout en faisant attention de laisser de la place pour des dessous de plats, et pour conclure, je pose la bougie que j’ai acheté du côté où je m’assiérai. Ma préparation est somme toute plutôt colorée. Je me suis servi de la nappe et du chemin de table comme base, pour rehausser un peu de rouge, de jaune, d’orange. Une décoration en soit tournée vers des couleurs chaudes. J’écris au feutre noir les quatre noms que je connais sur des papiers de présentation, et pars au garage demander à mon père les trois inconnus.

- Papa ! T’es où ?

Au bout de quelques secondes, je vois la porte passante s’ouvrir sur mon père en grosse parka.

- Dis, tu peux me rappeler le nom de nos invités ?

- Je vous ai déjà parlé de Blaise, on bosse pas mal ensemble. Sa femme c’est Viviane et leur fils, il s’appelle Théo.

- Blaise, Viviane, Théo, ok. Je te laisse bricoler tranquille, je finis la table. Si tu as besoin de moi, je serai probablement en train de ranger ma chambre, ou d’aider maman pour le dîner. Ensuite j’irai courir en ville.

- Ça ira pour moi, je répare le portail. Je devrais m’en sortir tout seul. Aide ta mère si elle a besoin de toi.

- Félicia aide déjà maman pour l’instant. Je la relayerai plus tard si j’ai le temps.

Je laisse mon père à son portail, et m’empresse de noter les noms restants avant de les oublier. J’ai pris pas mal d’avance sur mon planning, donc je prépare des origamis avec les serviettes sur les assiettes, et pose les noms par-dessus. Ma préparation est prête à recevoir le repas du réveillon. Pour la répartition, ma mère est seule, dans la largeur côté cuisine. En longueur, à sa droite, il y aura proche d’elle Théo, Viviane, puis Blaise au bout, et à sa gauche, Félicia, papa, puis moi au bout.

Bonne chose de faite. Passage à la cuisine, où je contemple les deux femmes de la maison batailler avec la nourriture, piquant et tranchant à tout va pour créer des œuvres d’art gustatives. Je les informe que la table est opérationnelle, avant de monter, encore, et toujours, dans ma chambre. Là, je regarde les cadeaux, qui vont devoir changer d’emplacement sous peu. Tant que tout le monde est occupé, je fais un aller-retour en toute discrétion sous le sapin pour les ajouter à la collection. En examinant ma chambre, je me rends à l’évidence, c’est un bazar complet. Opération rangement requise. J’ouvre ma fenêtre pour aérer, change les draps de mon lit double, puis les emporte avec mes vêtements sales dans la buanderie. A part le bureau et la commode, le reste est propre. Il faut néanmoins vider la poubelle, qui est remplie par un peu trop de mouchoirs pour ne pas être suspecte. Tout ça me prend pas mal de temps, mais je suis content du résultat. Le bureau est propre, la commode un peu moins. L’heure tourne, il est déjà quatre heures et demie passée. Dans la cuisine, les deux filles surveillent le feu. Visiblement elles ont la situation bien en main. Je les aide un peu pour la forme, avant de m’assurer qu’il ne reste rien à faire de mon côté. Je décore de quelques objets de Noël le rez-de-chaussée, et me décide à enfiler mon jogging pour aller courir. La chaussée et les trottoirs sont dégagés, et je peux profiter d’un parc pas trop loin pour respirer un peu d’air frais. Même si le froid qui rentre par-dessous ma veste me fait frissonner, la chaleur que me procure la course est revigorante. Comme on peut s’y attendre un 24 décembre en fin d’après-midi, le parc est vide. Au bout d’un moment, des flocons de neiges flottent élégamment dans le vent avant de se poser au sol, signe annonciateur d’une nuit blanche. Mieux vaut rentrer maintenant. Une nouvelle douche s’impose. Une fois débarbouillé, je me décide à choisir ma tenue. Voyons, voyons. Qu’est-ce que j’ai envie de porter ? Chemise fantasy ou cravate ? Les vêtements s’entassent sur mon lit. Non, non, non, peut-être, mouais, bof, pas pour cette fois, oh, elle est cool cette chemise. Motifs de feuilles et branchages, aux couleurs bleu roi et or. Va pour celle-ci. Pantalon en tissu noir, ceinture noire, chaussettes noires, chaussures noires. Je suis fin prêt à passer la pire soirée de l’année, avec mon meilleur costume. Mes vêtements éparpillés sur mon lit retrouvent, plus ou moins, leur place dans l’armoire. Quelle heure est-il ? 17h55. J’attendrai nos invités dans le salon. Ma sœur me rejoint en sortant de la cuisine.

- Mais dis-moi, c’est que t’es super mignon ce soir ! Tu sors pour draguer quelqu’un ?

- C’est ta faute ! J’ai dû monter la barre assez haut vu ta tenue.

- Faute que j’assume entièrement.

Elle me fait un câlin. Une fois dégagée, elle observe la table que j’ai préparée, et arque un sourcil en voyant la bougie. C’est vrai qu’elle a regardé dans mon sac. Je m’approche de la fenêtre en soupirant et tourne la tête vers la rue. Un petit manteau blanc couvre déjà le toit des maisons alentours, alors qu’une sableuse passe en amont des problèmes de circulation. Une voiture se gare en face de la maison, nos invités sont arrivés. Ils sortent du 4x4 alors que la lampe devant la porte d’entrée s’allume. Quand je le vois, ma bouche s’étend à m’en décrocher la mâchoire. Heureusement pour moi que la lumière masque ma présence sinon je serais grillé.

- Eh oh ! Je te parle !

Ma sœur me lève la mâchoire inférieure de l’index pour la remettre à sa place, et jette un coup d’œil dehors.

- Ah. Oui. Bon. D’accord. J’ai compris. Dis, une fois que tu auras fini de reluquer les flocons, tu pourras peut-être m’aider à accueillir nos convives …

- Euh … oui, oui.

Je me précipite dans le couloir.

- Papa ! Les invités sont là !

- J’ai presque fini !

Le carillon informatique sonne. Je prends la clé sur son portoir, ouvre et salue ceux qui vont passer Noël avec nous. Blaise est tout sourire. Il me serre la main vigoureusement. Vient ensuite Viviane est plus contenue, qui me fait une bise polie avant de faire des petits pas au chaud en éparpillant un peu de neige au sol. Vient Théo. Il est canon. Juste … canon. De courts cheveux noirs en bataille, un visage émacié à la peau légèrement basanée, et des yeux bleu océan. Une chemise blanche au dernier bouton ouvert, laissant deviner une taille svelte et musclée. Un pantalon noir avec une ceinture de cuir brune élégante. Un léger renflement entre ses jambes discret, mais tout de même troublant pour mon œil aguerri, et des chaussures de fêtes. Je lui serre la main en essayant de garder un visage impassible, chose non aisée, et le laisse rentrer. Je ferme la porte pendant que mon père descend, enfin habillé. Une fois les présentations officiellement faîtes, je récupère les manteaux pour les poser sur des cintres, et rejoins tout le monde dans le salon. Chacun trouve une place, qui sur un fauteuil, qui sur une chaise, arrangés en rond pour la discussion. De façon inattendue, c’est mon père qui commence la discussion, vite rejoint par Blaise et Félicia. Je participe un peu, plus quand on me pose des questions. Les cacahouètes et les chips sont consommées, et rapidement remplacées, la bouteille de champagne, sablée, et sifflée lorsque vient le moment de se mettre à table.

On me complimente pour la décoration. Je prends place pour donner l’exemple, et voit Blaise regarder les écriteaux, pour s’installer à côté de la place de ma mère. Théo s’assoit en face de moi. Mais pourquoi est-ce que ? Mais ?? Ce n’était pas l’ordre que j’avais prévu, si ? En tournant la tête, je vois ma sœur me sourire. La peste elle a osé ! J’hésite un instant entre l’envie de l’étrangler pour son audace, et de lui faire un câlin de remerciement, me ravise, et reste assis.

Ma mère arrive avec les entrées froides qu’elle place sur la table, en bougeant quelques babioles. Elle renverse la bougie en posant l’un des plats. Heureusement que j’ai eu la présence d’esprit de la laisser éteinte. Je la remets debout. Lorsque je regarde Théo, il fixe la bougie, perturbé. Puis ses yeux font un aller-retour entre la bougie et moi. Non ! C’est pas possible !? Nouvel aller-retour de ses yeux, cette fois une lueur plus sensuelle. Je baisse les miens en rougissant. Aucun doute, elle ne lui est pas inconnue. Quand je les lève à nouveau, un sourire en coin s’est dessiné sur ses lèvres. Je suis sorti de force de cet échange privé par mon père, qui me passe l’assiette de l’entrée. Foie gras avec petits toasts chauds, gelée, un peu de sel et confit d’oignons. J’évite de trop me focaliser sur la personne en face de moi, pour savourer pleinement mon assiette. Nous sommes tous les deux silencieux, ce qui n’empêche pas les autres de parler de tout et n’importe quoi. Heureusement, ils ne nous remarquent pas. La chaleur des toasts se marie avec l’onctuosité du foie gras et le sucré du confit. Délicieux, même si on ne finira jamais le plat principal à ce train-là. Pourtant, tout le monde dévore chaque bouchée avec appétit. Je jette tout de même des regards à Théo, pour le contempler, ce qu’il me rend avec zèle. Les assiettes sont dévalisées, alors qu’arrive l’entrée chaude, présentée par ma mère, et commentée par ma sœur. Poêlée de homard avec des asperges mi-cuites en sauce. Nouveau service, on remplit les plats, et bientôt les ventres. Le homard a beaucoup de goût. Il semble plaire à la tablée. J’en reprend une fourchette. Théo mange une asperge en me regardant. Il, Il … Je m’étouffe en m’empourprant. Mon père me donne une claque dans le dos sans même tourner la tête, en continuant sa discussion avec Viviane. Ok il la mangeait pas, il me chauffait avec, et je n’étais pas du tout prêt à voir un invité particulièrement attirant me mimer une pipe durant un repas de Noël. Je reçois un verre de vin blanc et le bois aussitôt, avant de regarder le verre vide confus. Si je commence à assécher mes verres aussi vite, je n’arriverai pas à me retenir de lui sauter dessus devant tout le monde. Je reprends ma respiration, en essayant de retrouver mon calme. Aucun autre incident durant cet dégustation d’homard et … d’asperges. Ouf.

Félicia m’interpelle une fois mon assiette finie.

- Max tu veux bien m’aider pour couper le plat principal ?

- J’y vais !

J’entre dans la cuisine et prend un gros couteau à viande pour trancher des parties de veau. Ma mère n’a pas lésiné sur le contenu. On devra en manger le restant de la semaine. Ma sœur arrive quelques secondes plus tard. Elle s’arrête à côté de moi, croise les bras en me scrutant, et me souffle à voix basse.

- Il t’a dévoré des yeux depuis le début du repas.

J’essaie de me concentrer sur la taille de l’énorme pièce de viande devant moi et finis par répondre doucement.

- Féli, je m’en suis rendu compte, je suis en face de lui.

- Tu veux le champ libre ?

- Comment ça le champ –

- Max, tu sais ce que je veux dire. Tu ne l’as pas non plus quitté des yeux. La seule chose qui me surprend, c’est qu’aucun de vous deux ne se soit fait prendre.

Mes joues piquent un fard pendant qu’elle continue.

- J’ai encore des tas de sujets de discussion, pour garder les têtes vers moi, et Viviane et Blaise ont l’air de trouver ça passionnant. Quant à papa, il n’a pas encore sorti de sujet qui fâche, tout va bien. Donc, souhaites-tu rester dans l’ombre et profiter de ta soirée ?

Je place les féculents et les légumes sur les assiettes en marmonnant.

- Forcément, si tu me le vends comme ça je ne peux qu’accepter …

- Toujours un plaisir d’aider mon p’tit frère.

Elle me fait une petite bise, me faisant passer au rouge pivoine.

- Vous vous en sortez tous les deux ?

Je manque de bondir au plafond, le couteau de boucher encore en main, en entendant ma mère derrière moi. Ma sœur me devance précipitamment.

- Oui, maman, tu peux retourner t’asseoir, les plats arrivent.

Portant les deux assiettes que j’ai finies de préparer, ma sœur me lance un clin d’œil aguicheur, fonçant encore plus mes joues déjà bien rouges. Elle refait des passages, et me laisse servir les deux dernières assiettes.

Je n’ai même pas besoin de deviner à qui il en manque une. Nouveau clin d’œil complice de ma sœur quand je passe la porte. Je me dirige donc à l’opposé de ma mère pour servir mon Théo séducteur, non sans frôler légèrement sa main, créant une petite décharge électrique qui se répercute dans mon bras. Il n’est plus le seul à aborder un regard de braise. Maintenant que je sais que ma sœur va me couvrir, autant savourer ce repas jusqu’au bout. La viande fond dans ma bouche. Elle se marie parfaitement avec la sauce de morilles, et la purée de marron, sans oublier le vin rouge qui rehausse son intensité. Ayant encore un peu faim, et voyant aussi l’assiette vide de l’autre côté de la table, je récupère nos assiettes pour nous resservir. Profitant de mon moment seul dans la cuisine, je glisse une asperge de l’entrée dans celle de mon charmeur, avant de continuer à la remplir normalement et retourner dans la salle à manger. Je m’accorde un petit sourire coquin, en lui tendant. Pendant cet interlude, ma frangine est partie dans un débat passionné avec Blaise sur les différentes places de la politique dans l’histoire. Ils ont débuté à l’époque romaine, alors j’ai le temps. Notre jeu de séduction continue jusqu’à ce que ma mère se lève pour débarrasser. D’un commun accord silencieux, nous arrêtons temporairement notre drague mutuelle pour reprendre le fil des discussions. Il semblerait que le thème ait viré vers la dynastie Ming. Je ne veux même pas savoir comment. Le plateau de fromage et la salade ne font pas beaucoup d’adeptes. Il faut avouer que plus personne n’a vraiment faim. Je prends un morceau de l’un, une cuillère de l’autre mais uniquement pour faire plaisir à ma mère. Je me lève discrètement pour lui glisser à l’oreille qu’il faudra oublier l’un des deux desserts. On se fixe sur le fait de garder la bûche, et de la servir après les cadeaux. Blaise n’arrive pas à se retenir de bailler un grand coup, rapidement imité par Viviane.

- Piouuu. Je suis plus tout jeune moi, je ne tiens plus les soirées. Et ma balance ne va pas m’aimer demain.

- Ne vous inquiétez pas Blaise, il n’y a plus que le dessert, c’est promis.

- Au moins les enfants sont en forme ! On a l’impression qu’ils pourraient passer la nuit sans dormir. Pas vrai ?

Je saute sur une occasion qui ne se reproduira peut-être jamais.

- Au pire, si vous le souhaitez, on peut héberger Théo cette nuit. En matière de discussion, Félicia est capable de nous garder éveillés jusqu’à demain matin. On pourra papoter sans voir le temps passer.

Blaise hésite un peu.

- Bah on veut pas vous gêner, si vous avez des choses de prévues demain.

- Ne vous inquiétez pas, cette année, c’est un réveillon tranquille sans contrainte. Ce sera avec joie.

- Je sais pas, qu’en penses-tu Théo ?

- Si ça ne vous pose aucun soucis, je veux bien rester coucher ici.

Ma sœur lève subrepticement le sourcil au choix de son vocabulaire à double sens, puis redeviens imperturbable. Je me tourne vers mes parents, essayant de ne pas paraître trop implorant.

- Maman, papa, on peut ?

- De toute façon, on ira probablement se coucher aussi, donc faites-vous plaisir les jeunes.

- Super !

Un sourire victorieux se développe sur mon visage. Je jette un coup d’œil à Théo, il est aux anges. Je regarde ma sœur … qui me fait un petit signe de tête pour me montrer la pièce d’à côté. Je comprends le message, et me mets à débarrasser. Une fois que j’ai toutes les assiettes, je vais les poser sur la table de la cuisine enfin vidée de la quantité gargantuesque de nourriture. Félicia me rejoint.

- « Discuter » hein ? Bah évitez de « discuter » trop fort cette nuit tous les deux, histoire de pas réveiller papa et maman. D’ailleurs, tu as pensé à prendre un cadeau pour Théo ?

- Papa et maman s’en sont chargé, on devait aussi le faire nous ?

- Je lui ai pris une bricole, après c’est toi qui vois. Si tu as un cadeau pour lui, je le mettrai sous le sapin, sinon, on fera sans.

- Attends, j’ai peut-être une idée ! Elle est pas mal osée, mais il devrait apprécier, d’après ce que j’ai pu constater.

- Une idée osée sous le sapin à la vue de tous ?

- Mais ! Frangine ! Je suis peut-être idiot, mais pas à ce point-là ! Je lui offrirai dans ma chambre.

- Je veux pas savoir quel cadeau tu veux lui donner ?

- Tu veux pas savoir quel cadeau je veux lui donner.

- Vendu. Je vais couper la bûche en petites parts, histoire de pas trop en gaspiller, avec un peu de glace pour aider à faire descendre. Je suppose que tu l’as pas emballé. Tu as trois minutes. Top.

Je file dans ma chambre en sautant les marches quatre à quatre. Le scotch, les ciseaux et le papier cadeau sont encore sur mon bureau, attendant d’être rangés. Je déballe le papier, récupère mon sac brun, en tire la boîte, la pose. Je coupe rapidement la partie qui me servira pour l’entourer. Je plie élégamment pour faire quelque chose d’un minimum soigné, je mets le scotch, c’est bon, il est prêt. Je regarde ma montre, 2m47. Je le cache sous un vêtement, et reviens dans le salon le plus naturellement possible.

Dans cette pièce, on sent que la soirée est en train de se terminer. Les mines se font fatiguées, les discussions, plus tranquilles. Chacun mange sa part doucement, cueillant petit bout par petit bout la part de gâteau, rafraîchie par la boule de vanille. La fraicheur de la glace fait un bien fou. Mon ventre est tendu à l’extrême, comme doivent l’être ses compères autour de la table.

Enfin, le repas est fini. Les serviettes sales viennent rejoindre les cuillères dans les assiettes à dessert. Des petites tasses à café blanches et leur soucoupe assorties sont déposées en face de chaque être repus, afin de rester éveillé en ces derniers instants du réveillon. Ma mère revient enfin, et comme la maîtresse de maison qu’elle est, dirige la dernière étape de la soirée. Elle saisit auprès du sapin un cadeau au hasard dans chaque main, et se tournant vers nous, s’exclame :

- Et maintenant, après l’effort, le réconfort. Les cadeaux !

Les chaises raclent à l’unisson, alors que d’un geste commun, nous nous levons pour nous approcher du sapin. Ma mère et Félicia font le service, et distribuent les boites colorées à leur destinataire. Chacun se place à un endroit disponible pour libérer les présents de leur paquetage. Je recule un peu ma chaise, et pousse la vaisselle sale au centre de la table, où j’y pose mes cadeaux. J’en ai eu trois, ainsi qu’une enveloppe. L’enveloppe, je sais déjà ce que c’est. Chaque réveillon, ma mère a l’idée de prendre des jeux de grattage pour le fun. Je l’ouvrirai en dernier. Je commence par le petit paquet, il vient de mes parents. Ils m’ont pris un beau carnet d’écriture. L’idée a dû leur venir quelques semaines plus tôt, moment pendant lequel je leur avais fait part de ma volonté d’écrire des petites histoires sur des sujets divers. Voyons voir le deuxième cadeau. Celui-ci vient de nos invités. Un jeu de société Cranium. Les six facettes de la boîte sont remplies de blagues au second degré. Si mes souvenirs sont exacts, c’est le même style qu’un Trivial Poursuit. On doit répondre à des questions de culture générale pour avancer sur le plateau. Enfin, le dernier cadeau vient de ma sœur. J’arrache le papier, et voit deux boîtes de puzzle de mille pièces. Je vais en avoir pour un petit moment à les finir. Le premier ce sont des chats qui se roulent dans l’herbe. Ils sont adorables. Je regarde la deuxième photo, et rate un battement de cœur. C’est la couverture de Week-end. Je recommence à rougir un peu, car l’histoire n’est pas aussi innocente que l’affiche ne le laisse croire. Je la collerai à un cadre que j’accrocherai à ma chambre. Je suis un fan, et je l’assume. Je pose mes nouvelles acquisitions en poussant un peu la vaisselle sale, et ouvre l’enveloppe, avant de commencer à gratter les cases gagnantes. Je m’en sors avec un honorable 9€ cumulé. Ça me fera mon prochain kebab avec des potes.

Tout le monde a l’air content de ses cadeaux. J’avais pris des bêtises de Cambray pour Félicia, qu’elle est déjà en train de manger. Mes parents remercient Blaise et Viviane, et vis-versa. Quant à Théo, il a ouvert sa boîte de casse-tête et s’essaie à un mécanisme à base de ficelle reliée à des pièces en bois imbriquées les unes dans les autres. Le CD des musiques de Noël qui tournait en fond sonore a l’air de s’être arrêté. Je regarde l’heure, il est 23h passé. Même si la journée m’a un peu épuisé, je suis excité comme une puce à l’idée de passer la nuit avec Théo. Ma mère sert des petites tasses de café pour aider nos invités pour la conduite sous un temps enneigé. Je vais dans la cuisine pour sortir une grande tasse que je remplis, et vide d’un trait. Ma nuit, elle, n’est certainement pas finie.

Vient le moment des au revoir. Je donne leur parka à Viviane et Blaise, avant d’ouvrir la porte pour les laisser passer. Dehors, le climat est un conte de Noël. La neige recouvre les trottoirs et les maisons. La route est raisonnablement nettoyée, quant aux flocons, ils virevoltent deçà-delà, pareils à la feuille morte, un jour d’automne. L’air froid envahit le couloir, accueillant les fêtards d’une étreinte glacée. Après les embrassades et poignées de main, les voilà assis dans la voiture couverte d’un nouveau toit blanc. Les phares s’allument, projetant des lumières blafardes sur la route, alors que le moteur ronronne doucement. Blaise entrouvre la fenêtre coulissante en secouant la main.

- Et faites pas trop le bazar les jeunes !

Je fais de même en souriant à ses mots. Si ils savaient … J’entends mon père depuis la vitre ouverte de la salle à manger.

- Rentrez bien !

Je referme la porte, la verrouille, et tombe nez-à-nez avec Théo.

- Bouh !

Je sursaute légèrement à cette attaque surprise. Un coup d’œil à la porte qui mène à mon père. Fermée. Autre coup d’œil en bougeant un peu la tête en direction de la porte fenêtre vers la cuisine. Personne en vue. Théo qui se retourne pour comprendre ce que je regarde. J’en profite pour approcher à pas de loup de lui. Il est un peu plus grand que moi. Lorsque sa tête revient dans ma direction, je prends ses mains collées contre son corps dans les miennes, hausse mes pieds de quelques centimètres, et l’embrasse sans plus de cérémonie. Puis je recule d’un pas, le tenant toujours, avant de lui faire un grand sourire.

- Bouh.

Il retient un petit rire pour ne pas attirer l’attention. Craquant.

- C’était un tout petit bisous ça !

- On se fera un plus gros bisous dans un endroit plus discret et intime, c’est promis.

Il se lèche les babines.

- J’ai hâte.

- Moi aussi.

Ses mains sont chaudes, et douces, mais je dois les lâcher. Je suis conscient de briser une partie de la féérie du moment, cependant je n’ai pas envie d’avoir de regards ou de questions indiscrètes pour l’instant.

Je pense que mes parents vont vouloir débarrasser les déchets de la table, en laissant là ce qui est sale au lendemain. De toute façon, rien n’est transférable de la salle à manger à la cuisine. Cette dernière a l’air d’avoir été prise dans un maelstrom terrible, où casseroles, couvercles, couverts, plats et autres ustensiles ont échoué partout sur le plan de travail. Certaines piles m’arrivent à hauteur du menton, et l’évier est proprement inaccessible. Le lave-vaisselle tourne à plein régime, et ne se désemplira pas avant au moins demain soir. J’entends ma mère faire du bruit dans la pièce à côté, en train d’empiler les cadeaux temporairement, avant de leur d’assigner à chacun une place. Elle vient déplacer ce qui traîne ou la gêne, pour remplir une cruche d’eau, qu’elle ramène dans le salon. Il s’avère que Blaise et Viviane lui ont pris un petit palmier en pot qu’elle est en train d’arroser. Une idée originale il est vrai. Pendant ce temps, mon père vide la table des déchets. Ils vont bientôt aller se coucher, ça se voit.

Quant à Félicia, elle est déjà montée pour se laver les dents. Elle va juste rester pour l’instant hors de son lit pour maintenir l’illusion de passer la nuit avec moi et Théo. Après quelques minutes, attendant que mes parents soient couchés, je monte avec Théo dans ma chambre pour qu’on puisse passer aux choses sérieuses … Je m’avance, Théo reste respectueusement sur le seuil de la porte. Je lui fais un petit « vient ! » de la tête pour qu’il rentre. Après un rapide aperçu de mon lit, je récupère le cadeau, me retourne et le lance à mon partenaire de la nuit.

- Attrape !

Je lui envoie le cadeau tout neuf avant d’aller dans la salle de bain. Je me lave les dents, puis range la brosse et le tube dans le tiroir. En regardant à nouveau le miroir, je vois derrière moi une canne à sucre entrer et sortir de la bouche de Théo. Il la sort enfin de sa bouche et s’approche.

- Je n’ai pas de cadeau pour toi, moi.

Je me retourne en baissant les yeux, fixant la bosse bien formée dans son entrejambe.

- Je suis sûr que si. Il ne demande qu’à être déballé.

Je fais deux pas dans sa direction en relevant le regard. Nous sommes tout près l’un de l’autre. Il lève sa main libre pour me tenir le menton, et approche son beau minois. Nos bouches s’ouvrent l’une à l’autre, nos lèvres se touchent, nos langues se découvrent, se caressent, se lient, se mélangent. Cette fois, je peux en profiter autant que je le veux. Pas de bruit, pas de vue, pas de pensée négative, juste le plaisir du moment.

Théo rompt le baiser pour respirer un peu, en secouant la tête.

- T’as pas menti quand tu parlais d’un gros bisous.

Je fais un sourire provocateur.

- Bah alors ? Déjà essoufflé ?

Piqué au vif, il m’engloutit à nouveau la bouche, pour faire taire l’insolent que je suis. J’ai chaud. Théo est un brasier de sensations charnelles que je n’ai pas goûté depuis trop longtemps. Je m’abandonne totalement à son baiser langoureux en fermant les yeux. Mes bras viennent entourer son corps finement travaillé. Monsieur fait du sport régulièrement. Je sens ses mains descendre le long de mes reins, alors que d’un geste agile, il m’attire à lui jusqu’à ce que nos corps soient collés l’un à l’autre. Mon érection me fait mal tellement elle est serrée dans mon boxer. Nos deux bosses se frottent lentement, tendant encore plus les muscles de mon pénis. C’est une sensation on ne peut plus agréable. Mais il faut que je reprenne mon souffle. J’éloigne ma tête, et pantèle légèrement. Ce deuxième baiser sensuel se termine enfin, alors qu’il me regarde avec un sourire goguenard.

- C’est pas la dernière fois que tu vas haleter mon coquin …

Profitant de son étreinte lascive, et de mon cou à découvert, Théo se fait entreprenant, et me bécote le cou, avant de me faire un petit suçon sur le côté gauche. Ma nuque frémit sous ses lèvres charnues, ainsi que le bout de sa langue qui titille ma peau fine.

- Mmmh … alors comme ça, tu marques ton territoire, hein ?

Il me mordille la peau un peu plus fort.

- Aie ! Fais attention, on va se faire capter.

- Oups désolé.

- Pas grave, j’ai aimé. J’ai chaud, pas toi ?

Pour toute réponse, il enlève son Tee-shirt devant moi. Par-fait. Je me rince l’œil devant ses abdos expertement sculptés.

- Bah alors ? T’as peur de me montrer ton bidon ?

Je souris en m’exécutant, provocant un petit sifflement de Théo.

- Je retire ce que j’ai dit, j’ai de la concurrence.

- Qu’est-ce que tu attends ? Il y a pas que ton ventre qui m’intéresse …

Je lui prends la main, et quitte la salle de bain. En traversant le couloir, j’ai entendu mon père ronfler, ce qui est bon signe. Je remarque qu’il n’a pas lâché mon gode. Enfin, son gode, maintenant. Bref. Il ferme la porte de ma chambre, et nous nous approchons tous deux du lit. Je m’assoie et enlève mon pantalon et mes chaussettes, pour rester en caleçon. Ce dernier est déformé par mon érection, difficilement ignorable. Debout, Théo m’imite. Il met ses vêtements désormais inutiles sur mon fauteuil de bureau, et s’avance vers moi. Je me couche sur le lit, alors qu’il se laisse tomber en me surplombant, mains en avant, de chaque côté de ma tête. Baiser sexy rapide cette fois. On en veut plus tous les deux, et on est prêt à franchir le pas d’un instant à l’autre. Je lui souffle sensuellement.

- Avance un peu, que j’ouvre mon cadeau.

Il dépasse ma tête à quatre pattes, jusqu’à ce que son gros paquet soit devant mes yeux. Meilleur. Cadeau. De. Ma. Vie.

Mes mains se lèvent. Elles tâtent son fessier, massent les deux lobes musclés, et s’approchent de l’élastique tendu. Comme un diable dans sa boîte, le sexe de Théo surgit devant mon nez. Son odeur musqué manque de me faire chanceler. Je respire à pleins poumons cette odeur de mâle, de puissance, d’amour, et de jouissance prochaine. Je fais descendre son caleçon jusqu’à ses pieds, et l’envoie rejoindre le reste du tas de tissu. Il est à moi. Comme en réponse à une question silencieuse, Théo abaisse son corps. Je peux enfin prendre sa queue en bouche. Je le fais sans hésiter. HMMMM ! J’en avais besoin. J’en avais dé-fi-ni-ti-ve-ment besoin. Elle fait au moins 18cm. Un régal. Pour ma bouche, et bientôt pour mon cul. Il sortira pas de ma chambre avant d’avoir juté en moi. C’est mort. Je suce délicatement ma friandise, passant ma langue autour de son gland. Mes mains viennent soupeser ses couilles pleines. Je lève la tête à répétition pour passer la majeure partie dans ma bouche. J’entends Théo gémir derrière moi, il a l’air de prendre son pied. Bientôt, sa respiration devient plus saccadée. Je m’applique à presser plus fort ma langue contre son gland, passant et repassant contre son orifice, aspirant son frein, jusqu’à l’entendre gémir.

- Attends ! Je vais-

Je ne lui laisse pas le temps de finir. Je lui mets deux petites claques sur les fesses en les saisissant pour le forcer à aller au plus profond de ma bouche. S’en est trop pour lui, il jouit à profusion directement dans ma gorge. Il revient non sans me lâcher un autre jet dans la bouche, que je déguste, et savoure.

- Salaud ! t’aurais pu me prévenir que t’allais me faire faire une gorge profonde !

Je me lèche les lèvres, avant de lui minauder.

- Je pouvais pas, j’avais la bouche pleine.

- Tu vas voir, il y a pas que ça que je vais remplir … En attendant, recule sur ton lit. Il y a pas de raison que je sois le seul à avoir un traitement de faveur.

- A tes ordres chef !

Je gesticule pour me mettre complètement sur le lit. Théo fait un 180° et vient s’occuper de mon érection douloureuse.

- Eh bien, eh bien. Elle est à l’étroit ta queue. Je vais arranger ça.

Et il m’enlève la culotte, non sans avoir fait tendre mon sexe au maximum avec l’élastique. Puis il vient s’approcher de mon mât tendu vers lui. Il prend une inspiration, et souffle dessus. Ma peau sensible palpite sous la sensation. L’enfoiré, il me torture psychologiquement. Je me laisse porter par les sensations de mon corps en fermant les yeux, avant de lui remettre une petite tape sur la fesse en guise de revanche. Théo s’approprie finalement ma queue. Sa bouche est moite, sa langue adroite. Il caresse chaque parcelle de peau, sortant parfois mon sexe pour le lécher du côté. Il malaxe mes bourses d’une main, puis titille l’entrée de mon petit trou de l’autre. Il y a pas à dire, c’est un pro de la baise. Je vais plus tenir longtemps. Il laisse quelques secondes ma queue à l’air, puis reviens dessus. Je sens alors un truc humide à l’entrée de mon anus. Ça s’annonce encore mieux que je le pensais … Il continue ses va-et-vient le long de ma hampe, et presse de plus en plus fort le gode contre ma rondelle. Cette dernière finit par s’ouvrir lentement comme une fleur, à mesure qu’il fait pénétrer doucement l’objet en moi. Il relève la tête pour se concentrer sur mon visage. Je suis tellement excité par ce nouvel arrivant qu’arrivé au fond de mon cul, je gicle intensément, répandant mon sperme sur mon ventre. Encore sonné de cette assaut sexuel intense, je reprends lentement une respiration normale. Je lui fais une petite moue en m’essuyant d’un mouchoir mon ventre encore humide.

- Espèce de !

- Espèce de quoi ?

Il me regarde de ses beaux yeux. Je fonds.

- Espèce de mec magnifique qui m’a donné le meilleur orgasme de ma vie. Viens là.

Il me surplombe toujours, son sexe à demi tendu.

- Oui ?

Je profite de son inattention pour entourer son dos de mes deux bras, et le faire tomber à la renverse pour récupérer l’ascendant sur lui. Il est couché sur moi, mon cul juste devant son entrejambe.

- T’es un dieu du sexe.

Un sourire jusqu’aux oreilles le prend.

- T’es pas trop mal non plus …

J’affiche une mine offusqué, mais en voyant son visage provocateur, je comprends qu’il se fout de ma gueule. Là, c’est moi qui suis piqué au vif. Je m’empare de sa bouche que j’investis pour le faire taire. Il me rend goulûment mes coups de langues passionnées. Mon corps est brûlant de désir pour ce mec. Ces bras se meuvent en spirales de caresses, alors que mes mains tiennent se visage angélique. Je les sens tout doucement descendre le long de mon aine, puis de mes fesses. Il s’y arrête, y tourne, les tient fermement, puis les rapprochent l’une de l’autre. Mince ! Le gode ! Il est toujours là. Ses doigts le touchent, le font bouger un peu. Je ne peux pas retenir un petit cri, couvert par sa bouche. Il le saisit plus fermement, et commence à nouveau à faire des mouvements lents, tout en me pénétrant en rythme la bouche avec sa langue. Je n’en peux plus, je vais craquer. Je pousse sur mes bras, m’extirpe du baiser, l’air déterminé. Théo affiche une mine confuse, un peu craintif d’avoir fait une gaffe. Je m’écarte de lui de l’autre côté du lit, me positionne à quatre pattes dans le sens de la longueur, parallèle à lui. Je retire le gode de mon anus et lui ordonne.

- Prends-moi. Maintenant. Tout de suite.

Sa confusion laisse place à une bouille illuminée ; sa tête, de soucieuse à radieuse. Sa queue s’est tendue en un instant. Je lui tends une bouteille de lubrifiant. Il prend appui sur ses bras, se lève, me fait une petite bise dans le cou, avant de se mettre derrière moi. Mon baiseur m’enduit la raie. Je sens le liquide froid au contact de ma rosette, qui me fait frissonner, par la différence de chaleur, et par l’appréhension d’être enfin rempli. Ensuite, je le perçois contre mon oreille.

- Tes désirs …

Je sens son pénis contre l’entrée.

- … Sont des ordres !

Il me prend d’un coup. Sa bite et mon trou ne font plus qu’un, alors que je m’adapte à la taille de son monstre. J’ai failli pousser un autre petit cri, mais je me suis obstrué la bouche de ma main pour ne pas attirer l’attention. Il la remue peu à peu, de droite à gauche, de haut en bas, ensuite d’avant en arrière, toujours lentement. Puis, il commence à accélérer en continu. Et Théo accélère. Et il accélère à nouveau. Je suis obligé de mettre ma tête contre l’oreiller pour ne pas me faire entendre.

- Alors ? Tu l’aimes ma bite ?

- Vas-y ! Plus fort ! Ne t’arrête pas !

Je mords ma lèvre inférieure pour étouffer un gémissement de satisfaction. Les impulsions se répercutent dans tout mon corps. Des vagues de plaisir déferlent à chaque aller-retour de son sexe au creux de mes reins. Des étoiles dansent devant mes yeux, alors qu’il frotte constamment ma prostate en feu. Je perds toute notion du temps. Tous mes nerfs se sont réunis autour de ma petite glande qui subit les attaques répétées d’une bite gorgée de sang, encore, et encore, et encore. Mes pensées confuses sont toutes tournées vers le plaisir.

Finalement, je sens Théo accélérer une dernière fois. A ce moment, je suis réduit à une boule d’énergie sexuelle. Sa queue se gonfle, déchargeant en moi son sperme épais et chaud, alors que dans un ultime râle, il se vide à l’intérieur de mes entrailles. Électrisé par la décharge de sa semence, je jouis du cul en plusieurs longs jets libérateurs. Tant pis pour les draps, ils iront au nettoyage demain. Assommé, et rompu, je m’affale sur le lit. Je sens ce membre délicieux sortir graduellement de mon orifice enflammé, jusqu’à s’échapper en un plop divin. En l’espace de quelques secondes, j’ai une sensation de vide à combler. Mais c’est normal. Ça se calmera.

Je le sens se coucher tout prêt de moi.

- Eh !

- Quoi ?

- T’étais génial.

Puis, il me fait une bise sur la joue. Je me redresse un peu pour le contempler, encore. Qu’est-ce qu’il est mignon. Je m’allonge sur le dos, et regarde le plafond. J’ai passé la plus belle soirée de ma vie, même si ça m’a totalement vidé. Et remplis. Je souris un peu à ma dernière pensée. Sa tête se dresse au-dessus de la mienne. On dirait qu’il veut un nouveau baiser. Je prends sa tête dans mes mains pour l’amener à moi amoureusement. Nos lèvres s’ouvrent l’une à l’autre. Je ferme les yeux, puis, c’est le noir dans mon crâne.

Je le sens vaguement bouger à côté de moi. Il se rallonge, et nous couvre de ma couverture, avant de me serrer fort dans ses bras. Mes pensées se font de plus en plus confuses, alors que je sombre dans un sommeil profond.

Le lendemain matin, je me réveille comme un bébé. Théo est déjà levé, assis sur ma chaise de bureau, me regardant. Il a mis son pantalon, mais me laisse toujours admirer ses pecs. Je me frotte les yeux avant de lui sourire avec difficulté.

- Bonjour beau gosse.

- Hey ! Bien dormi ?

- Oh merde. Désolé pour hier.

- Désolé pour quoi ? M’avoir dragué ? Embrassé langoureusement ? M’avoir offert ton petit cul sur un plateau ?

- Non, pour le black-out.

- T’inquiètes. Tu t’es pris des coups de boutoir pendant une demi-heure sans broncher. Normal que tu sois éreinté …

- Je m’en veux quand même un peu.

- Mais non, mais non. Il y a vraiment pas de quoi. Et pis, t’es mignon aussi quand tu dors.

S’en suit un silence un peu gênant, mais de courte durée. Mon ventre grogne de mécontentement. Je me lève en me dirigeant vers ma porte de chambre.

- T’oublie pas quelque chose ?

Il me lorgne l’entrejambe. Je bande à fond. … … Mince j’allais partir à poil ! Il éclate de rire en voyant ma mine déconfite.

- Bah alors … Habille toi.

Je bredouille un vague merci, en récupérant des affaires au pif, que j’enfile rapidement. On descend en silence l’escalier pour rejoindre la cuisine. Ma sœur et ma mère sont déjà en bas, elles nous accueillent chaleureusement. Le petit-déjeuner tardif se passe sans vraiment se parler. Je suis à la fois content de ma soirée, et triste que ce soit déjà fini. J’aimerais qu’il reste plus longtemps, mais Théo doit rentrer. Une fois les ventres rassasiés, je me propose de ramener notre invité. Ça sera la dernière fois que je pourrai le voir. Je récupère les clés, l’emmène au garage, et démarre la voiture. Il me guide jusqu’à chez lui. On descend de la voiture, et je l’accompagne jusqu’à la porte. Théo l’ouvre avec ses clés, puis rentre dans le vestibule. Je baisse la tête, prêt à m’en aller. Il appelle ses parents pour prévenir qu’il est rentré. Je fais un pas en arrière pour partir, quand je l’entends revenir.

Il fait demi-tour, et ressort de l’entrée de la maison pour se jeter sur moi. Il m’enlace et m’embrasse à pleine bouche, d’un baiser rempli d’amour. Mes joues virent au rouge cramoisie. Au bout d’un moment, du bruit derrière lui arrête notre dernier échange intime. Je rejoins la voiture, et une fois rentré chez moi, je veux m’isoler pour le restant de la journée. Je vais essayer de ne pas trop penser à ce qui vient de se passer. Je grimpe les escaliers, ouvre ma porte, la referme, puis me plaque contre elle pour me prendre la tête dans les mains. Ça va être compliqué de ne pas pleurer. Déjà une petite larme coule le long de ma joue. Je suis stupide aussi. Qu’est-ce que j’attendais ? Rageur, je m’avance pour récupérer un mouchoir sur le bureau. Je le sors et me mouche. Il y a un mot sur le bureau, avec un stylo à côté.

- « Si jamais t’as envie de me revoir, pour passer des petits (ou des gros) moments ensemble, appelle moi :-p ».

Le salaud. Il a pensé à tout. Je souris, en murmurant.

- C’est promis Théo, c’est promis.

Finalement, j’aime bien les fêtes de fin d’année …

Rhizaak

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