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18 Mars

Grosse queue
"Plan à 3"
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HISTOIRE

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Premier épisode | Épisode précédent

Agriculteur

Saison 3 | Chapitre 5 | Retour de plage

Je réalise combien j’ai changé ! J’ai à la fois renforcé mes compétences et construit une conscience plus juste de mes limites et des obstacles. Les limites se repoussent, les obstacles se franchissent ou se contournent. J’en suis galvanisé et aiguisé, je me sens capable de toutes les audaces.

Sur le retour, je lui dis « passe-moi le volant, patron, je n’ai jamais conduit ce genre de grosse cylindrée » Il ne répond pas mais, au premier parking, il enclenche le clignotant. « ouah ! super » Je m’installe dans le siège conducteur « Montre-moi ! » Je sais que rien ne lui fait plus plaisir que de m’exposer toutes les ressources, tous les réglages de sa belle berline, que rien ne nous rend plus complices que ces petites indications échangées, ce vécu partagé de deux mecs qui parlent bagnole.

Plus loin sur la route, je lui dis « merci, patron » Comme il se raidit, peu enclin à se prêter à ce genre de reconnaissance dont il redoute qu’elle lui crée des contraintes, je le dégage. « Oui, la mer, la forêt, l’auberge, le Cheverny, c’est pas dans le contrat de stagiaire BTS ; mais c’était vraiment chouette qu’on partage ça » Il hoche la tête avec un petit sourire entendu. Et là, je poursuis irrépressiblement … Certains mourront d’un ulcère pour s’être trop retenus ; moi, ma grande goule devrait m’en préserver « je ne sais pas si tu as gagné, patron, je l’espère pour toi, t’es le patron. Moi, j’m’en fiche un peu de gagner ou pas, j’apprends avec toi, tu vois ? » et je ris. Pas lui. Une huître.

Foins, moissons, paille. C’est ma deuxième saison aux Chênaies mais j’y ai déjà sérieusement pris mes marques. Aussi, de plus en plus souvent quand le patron commence « il faudra … », je le coupe d’un « c’est prêt, patron » qui le laisse un peu interloqué. J’ai grandi avec peu de moyens, alors, j’ai appris à les ménager, et une seule paire de bras que je m’efforce d’employer à bon escient pour ne pas les épuiser inutilement. C’est juste de l’économie vivrière mais ça me dégage du temps pour toutes ces choses « inutiles » que j’aime tant. Du temps libre pour moi, et du temps occupé avec lui !

En cet été, au plus fort des travaux saisonniers, où madame est à la mer avec leur fils, où ses responsabilités le réclament régulièrement à l’extérieur, moi aussi, je le veux, lui, contre moi. Cet été intermédiaire dans ma formation me laisse, l’esprit paisible, l’occasion de profiter pleinement de la vie ici, avec lui. Alors je nettoie, je range, je répare, je prépare … planning et agendas sont mes livres de chevet, j’y trouve mes opportunités de balade avec Noisette ou de baignade dans le méandre des moines. J’y réfléchis aussi anticipation, organisation, pour dégager le plus de disponibilité possible, du temps pour la convivialité avec nos collègues les plus proches, ceux avec qui ont fait « échange de bons procédés » et qui n’ont plus mis les pieds aux Chênaies depuis longtemps …

Alors, avec Monique, nous avons prévu d’en régaler certains ; Zeph, l’ouvrier saisonnier et ceux, quatre ou cinq, avec qui l’entraide permet de partager l’écrasante charge de la fenaison qui vient justement de se terminer. Chacun se congratule : nos fenils embaument de cette herbe coupée à point, prestement séchée, retournée, andainée, bottelée et maintenant mise à l’abri et nous avons la chance d’échapper à l’orage qui peut ruiner tout ce travail. Il y a là mon copain Patrick Rousseau* avec qui je débourre quelques chevaux à l’attelage et son père, un peu plus petit, trapu et chauve qui roule les « rr » sans complexe. De la fin de sa cinquantaine bonhomme, il se permet de donner du « tu » à Lecourt, pourtant le « gros » paysan local et, au moment où je m’apprête à sortir de la cuisine rejoindre le groupe, je surprends discrètement leur discussion. « En tous cas, André, il est bien ton jeune, là ! Pfff ! Bosseur et sérieux, ton Julien ! … C’est un gars comme lui qu’il nous faudrait, tu vas le garder ? » Il rit « parce que ça fait du bien à nos reins de préparer la relève hein ! Et puis, c’est pas demain que ton p’tiot va t’aider à charger les bottes, pas vrai ! » Et il lui claque cordialement le dos « allez, allons boire un coup, on l’a bien gagné »

Je prends le temps de trois inspirations profondes. Je me suis interdit de penser au-delà de cet été sinon pour préparer ma seconde année de BTS. Il y aura ensuite l’examen suivi d’un troisième été aux Chênaies et alors seulement, la nécessité d’une réponse à la question de mon avenir. Quand je me décide à sortir, Lecourt est encore là, comme s’il attendait que j’apparaisse. Nos yeux s’évitent.

Au creux de cette nuit-là, ne me tirant qu’à demi du sommeil, voilà qu’il s’allonge à mon côté dans le lit. Dans l’obscurité, je sais que c’est lui, bah ! qui d’autre … ? J’envoie mon bras vers lui sous le drap ; le coquin est nu et, si j’en crois ce que j’ai bien en main, il est prêt à l’emploi. « Puisqu’on a rentré tout le foin, je vais faire un saut à la mer pour voir mon fils » Ma main, voyez comme cet appendice est notre meilleur outil, ma main, autonome et en toute indépendance, s’active seule à caresser sa belle tige droite et chaude. Je soulève une paupière « Mais il fait encore nuit, patron… » Mes doigts jouent délicatement là où sa peau est douce tandis que le bateau du lit a pris de la gîte et la soudaine inclinaison du navire me fait glisser insensiblement vers le corps chaud à mon côté et blottir. « Je suis venu te prévenir de mon départ, Julien »

Hop, rapide torsion du poignet et légère détente du cou et des épaules, j’engloutis sa tige au beau gland baveux, avant de la ressortir lentement en le pressant de toute ma bouche, vidée d’air, comme un sucre d’orge dont je veux extraire tout le sucre fondu. Puis je le tète subrepticement, comme le fumeur son Havane. Enfant, je suçais mon pouce, en aurais-je gardé le réflexe ? J’aime son bourgeon en bouche, la douceur de sa muqueuse, le gout de ses sucs. J’aime sa grosse main qui se pose en se faisant légère, qui m’accompagne, me retient parfois. J’aime la broussaille hirsute de sa touffe contre ma joue, les poils plus rudes de ses couilles, l’odeur d’homme qui s’en dégage. J’aime lui tirer ces petits soupirs, ce halètement soudain, cette petite crispation quand ma barbe l’égratigne. J’aime qu’il s’abandonne à mes bons soins mais également quand, brusquement, il s’y soustraie, excédé de frisson sous ma caresse puis vient chercher mes lèvres avec les siennes, sa langue pointée en éclaireur. « Tu es réveillé, gars Julien ? » J’aime sa mauvaise foi quand elle lui sert à me bouffer la langue en pleine nuit. Mais quelle heure est-il donc ?

Il est rasé de frais, le visage adouci par la lanoline, les lèvres pleines, la langue mutine. Un réveil gourmand, avec douceurs et friandises, flotte en entre-deux dans cette nuit réparatrice des lourdes fatigues des jours précédents. Il m’embrasse longuement, son corps étroitement appliqué contre le mien et j’en perçois toute la géographie. Le dur de l’os, le puissant des muscles, le doux de sa peau, la mousse des poils composent un paysage familier dans lequel mes pensées vagabondent, tout comme sa main sur moi. « Tu as entendu ce qu’a dit le père Rousseau hier, non ? » Ah, le voilà donc qui sort du bois ! « hummm » « Et toi, Julien, tu en penses quoi ? » Non ! Je me suis accordé cet été de plénitude sereine et toute mon âme se rebelle d’un coup, je refuse de regarder vers la sortie, pas encore. S’il te plait ! Je veux rester dans cette béatitude nocturne, les membres encore fourbus d’efforts, le cœur bercé de la satisfaction du beau travail accompli. « J’aime ma vie ici, patr … » Mais je ne peux poursuivre sans devoir ouvrir les yeux, nommer les choses et quitter la belle tranquillité de cette vie discrète et de mon demi-sommeil.

Je m’interromps, j’attends … rien ne vient. Je m’apaise et je retrouve la protection de la nuit, la chaleur des draps, le frisson de son corps contre le mien. Je me retourne doucement en l’enroulant contre moi, son souffle dans mon cou, son torse velu dans mon dos, sa bite dure contre ma fesse… j’ai soudain envie de lui, d’être envahi par lui puis qu’il laisse un vide, comme son absence.

Alors j’ajuste en quelques mouvements de bassin pour qu’il se niche exactement là, à ma porte. Quand il se fait plus lourd sur moi, je murmure d’aise, quand il ondule faiblement du bassin, je l’accompagne, quand il mordille mon épaule en me serrant contre lui, je m’empare du lubrifiant. Nos doigts se croisent, caressent, assouplissent ou guident. Je me cambre, il m’introduit son pouce, en le remontant pour m’ouvrir, ses gros doigts me pressent le périnée. Puis son gland fait son nid dans mon antre. Son bras gauche m’enserre le torse et il saisit mon téton, sa voix sourde me récite son habituelle antienne « là, là, doucement Julien, là » pour accompagner sa progression. Je souffle, il me couvre de petites lècheries rapides et s’arrime à moi, des deux bras, des deux jambes qui s’enroulent aux miennes, m’attire bloqué contre lui. Je suis maintenu étroitement mais parviens à jouer de mes abdominaux alternativement contractés, relâchés pour masser sa queue et le faire monter « là, là Lecourt, retiens-toi ». Sa main s’empare de ma bite et m’astique fermement tandis qu’il me lime profondément. On s’agite de plus en plus énergiquement en grognant, souffles courts. Brusquement, il me saisit des deux mains aux hanches, me casse les reins pour se planter profond et me secoue de ses spasmes vigoureux qui envoient mes propres panaches se perdre dans les draps. Il se retire et me plante un doigt impérieux et magistral qui me dissout dans un frisson glacé et un soupir de vaincu. Il me prend dans ses bras et couvre mon visage de petits bisous tandis que je reprends mes esprits.

Je ris « ça, le père Rousseau ne peut pas savoir combien je suis un bon gars ! » Il fait claquer l’air contre ses dents « détrompe-toi, Julien. Il est tout sauf naïf, Rousseau » Il me laisse bouche bée mais je sais qu’il ne dira rien de plus. Je le garde contre moi, je colle ses poils au foutre dont je nous ai aspergés. Je lui extorque encore un baiser mais le jour pointe et je sais qu’il va partir. Je m’enroule dans le drap et cherche à retenir les traces de nos étreintes dans mon demi sommeil.

*voir agriculteur Saison 1 chapitre 11 « la tapette du père Lecourt »

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